samedi 18 juillet 2015

W.R

A cette époque, on jetait les hommes comme de la nourriture
Et l'eau et le ciel comme la terre étaient dures.
A cette époque, tous les rêves d'enfants finissaient dans les flammes
Ou bien parmi la neige d'un ghetto mangeur d'âmes.
A cette époque, on aspirait à avoir faim ou froid
Parce que ces sensations avaient quitté les ventres, les joues, les estomacs.
A cette époque, les musulmans mourraient d'envie à l'église
Et les juifs aux mosquées, pourvu qu'un peu de foi subsiste.
A cette époque, 100 000 personnes pouvaient être abattues en une après-midi
A cette époque, nul sinon Stefan n'a pris ses précautions pour empêcher l'enfer de nous rôtir la langue.
A cette époque, tout le monde pensait à la paix tandis qu'il chargeait ou déchargeait son arme sur un autre être humain.
A cette époque, des généraux ayant faits leurs preuves au sein de riches bureaux, signaient chaque matin d'une main blanche l'ordre d'assassiner leurs plus proches voisins.
A cette époque, dans les hôtels...on vivait bien...

Stop. Tout ce que je sais de la guerre c'est que je n'en sais rien
Sinon que cette époque, c'est peut-être demain.

Les livres qui furent brûlés n'auront jamais la chance d'être un jour réécrits
Alors, mes amis, prenons nos plumes, prenons nos ailes
Et ravivons la vie
Car la guerre peut tomber au détour d'une voyelle.


Gabriele Münter - Trois masques blancs

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