vendredi 23 janvier 2015

The M. Night Shyamalan Christmas Special !

PART 1 : A FRIENDLY PRISONER

"Le prêtre qui offrira la victime pour le péché la mangera; elle sera mangée en lieu saint, dans le parvis de la tente de réunion. Quiconque en touchera la chair sera saint lui aussi." Lévitique, Appendices






T'es vraiment sûr de ton coup Mickey ?

Mickey - T'inquiète pas George, j'ai peut-être pas l'air comme ça mais j'en ai dans le ciboulot...

George - Ouais, et c'est sans doute pour ça qu'au lycée, tout le monde te surnommait Nick...

Mickey - Ah, oui, c'est vrai que certains vieux types avaient pour habitude de m'appeler comme ça mais j'ai jamais trop compris pourquoi...

George - C'était Nick pour N.I.Q : Negative Intelligence Quotient...eu égard certainement à l'impressionnante masse siégeant quotidiennement dans ta boîte crânienne ! 
Il s'agit d'un sarcasme, je le précise au cas où tu ne le comprendrais pas.

Mickey - ...Tu sais, George, que la taille d'un cerveau n'a rien à voir avec sa qualité ? De même, sais-tu que le mot intelligence ne veut pas dire grand chose ? Parce qu'il n'y a pas qu'une seule intelligence, il y en a des tas !...On peut être intelligent dans un domaine et débile dans un autre. Tout est une question de spécialisation. Moi, par exemple, je ne saurai jamais comme toi me prendre le chou à propos de bouquins barbants comme un parapluie bleu. En revanche, dès qu'il s'agit d'escroquer, d'arnaquer, de soutirer et de faire chanter, là, tu peux compter sur moi. 

George - Et quid du kidnapping de Père Noël ? Parce que tu ne le mentionnes pas mais ce que j'ai là sous les yeux, c'est un putain de Père Noël endormi attaché à une putain de chaise !

Mickey - C'est un tout nouveau secteur d'activité pour moi. 

George - Parce que tu comptes recommencer ?

Mickey - Pas forcément mais disons que si l'occasion de présente à nouveau, je saurais désormais comment m'y prendre. 

George - J'apprécie plutôt tes volontés de diversification surtout dans un secteur aussi concurrentiel que celui de la crapulerie, mais sais-tu mon cher Mickey que tu risques gros si jamais quelqu'un découvre ce que tu caches dans ta chambre d'ami ?

Mickey - Oui, je le sais. Et c'est pourquoi nous allons le déplacer jusqu'à la salle de bain, il y a moins de risque que quelqu'un débarque là-dedans non ?

George - ...T'es sérieux ?

Mickey - On ne peut plus ^^

/

George - Il pèse son poids l'enculé, m'est-avis qu'il prend un peu trop son rôle au sérieux le vieux.

Mickey - Je ne le trouve pas si lourd que ça, bon après tu me diras, je ne tiens que les jambes.

George - T'es vraiment une raclure...Arf...arf...rappelle-moi pourquoi je fais ça pour toi déjà ?

Mickey - Parce que si tu ne m'aidais pas de temps en temps dans mes occupations criminelles, ta vie serait aussi ennuyeuse qu'un pot de gelée de coings mon bon George. Et aussi parce que t'es mon frère.

George - Damnation c'est vrai, mais quelle idée a eu ma sainte putain de mère d'enfanter un enfoiré pareil !

Mickey - C'est marrant George...arf...à chaque fois que tu te retrouves au cœur de l'action, tu ne peux pas t'empêcher de jurer comme un clochard, toi qui d'habitude te prends pour je ne sais qui, avec ton petit accent et tes mimiques qui feraient passer la reine d'Angleterre pour une tenancière de bordel estropiée et atteinte de la chtouille...

George - Arf...arf, c'est sans doute là un effet compensatoire, mon esprit, frustré qu'il est par le fait que sa concentration soit prise ailleurs que dans les hautes sphères de la pensée, trouve refuge où il le peut et c'est pourquoi...arf...arf...mais putain de merde, t'habites dans un château ou quoi, j'ai l'impression qu'on porte mister Barbe Blanche depuis un siècle et demi...

Mickey - Tout doux, tout doux, on arrive !
Bon, on va le mettre dans la baignoire, l'attacher solidement puis on s'arrangera pour fermer à clef la salle de bain comme ça personne ne pourra rentrer à part nous.

George - Arf, arf, o k o k.

/

Mickey (fumant) - Bon, ça, c'est fait. Notre gaillard pionce toujours sereinement et nous, on va pouvoir s'attaquer à la deuxième partie du plan. 

George - Je veux bien mais, porte fermée ou pas fermée, si notre gus se réveille et se décide de jouer au castrat, il y a fort à parier que quelqu'un l'entende et décide par la même de nous jeter dans le pétrin. 

Mickey - Bah, pour le moment il dort. Et puis après, on le bâillonnera ! 

George - Ta réponse est pleine d'incohérences et de manques en tout genre mais je suis trop fatigué par ces conneries pour les énumérer.

Mickey - Bien. Partie deux du plan donc, on va le désaper et je vais m'habiller avec ses habits. 

George - Hm, quoi ? Ne me dis pas que tu as enlevé et séquestré ce cher monsieur uniquement pour lui voler ses fringues ? 

Mickey - Si, pourquoi ? Tu croyais quoi ? 

George - ...Je ne sais pas...je pensais que c'était quelqu'un qui te devait de l'argent ou à qui tu devais de l'argent, ou alors que c'était une sorte de richissime milliardaire qui, pour la bonne cause, joue tous les ans au Père Noël histoire de faire rêver les mômes...bref que c'était un type que tu connaissais autrement que par son costume...

Mickey - Ah, non, jamais vu ce type de ma vie, j'avais juste besoin d'un costume de Père Noël pour mon plan alors quand j'ai croisé ce gus dans la rue et bien, j'ai pris les choses en main et j'ai décidé de le kidnapper. 

George - Mais...hmm...non, je veux dire, ça ne peut pas être à ce point...Non mais dis-moi, Mickey, dans ce cas, si tu voulais à tout prix un putain de costume de Père Noël, pourquoi tu n'es pas plutôt allé en acheter un dans une saloperie de boutique ? 

Mickey - ...Ah ouais pas bête ! J'y avais pas pensé ! Tu vois, c'est pour ça que c'est toi l'intello de la famille, tu penses toujours à tout Georgie ! ...Bon allez c'est pas grave, ce qui est fait est fait hein...Tu m'aides à le désaper ? 

George - Non, non, non, c'est bon, j'en ai assez de tes conneries. On va sortir ce pauvre gars de ta baignoire et profiter du fait qu'il roupille encore pour le déposer incognito dans la rue, avec un peu de chance, il pensera qu'il s'est cuité un peu trop ardemment et on s'en sortira sans une égratignure...et si tu veux même, pour fêter ça, j'irai t'acheter un habit de Père Noël tout beau tout neuf !

Mickey - Comme tu veux, Georgie, ouais on peut faire ça, après tout...c'est con, je l'aimais bien son costume à lui, il était un poil plus brillant que ceux qu'on trouve en magasin...M'enfin...Allez, ok, je finis ma clope et on va lui faire faire le trottoir...!

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH

BRUARF, OUARFH, QU'EST-CE-QUE C'EST QUE TOUT CE BAZAR ? QU'EST-CE-QUE JE FOUS LA ? BOUARF ? VOUS ETES QUI VOUS ? NOM DE NON LES COPAINS, JE M'EN FOUS EN FAIT DE QUI VOUS ETES, J'AI TROP SOIF ET PUIS J'AI LA DALLE, Z'AURIEZ PAS DES COOKIES ET DU LAIT PAR HASARD ? 

25 décembre 1989, 0H21 du matin. Le Père Noël s'est réveillé et il avait très faim. 

*

PART 2 : The Terrible Fate of An Uncommon French Guy

Maubeuge, France, début des années 70

Régis Jonquille avait une femme très laide qu'il n'aimait qu'à moitié...

/ La suite...
Pretty soon ! 

samedi 17 janvier 2015

A chocolate croissant, some cold milk and the infamous leader of the Nazi Party

Au matin, Adolf Hitler aimait plus que tout tremper son pain au chocolat dans un grand bol de lait bien froid. C'était pour lui un fondamental rituel, une base inaliénable qui garantissait - en cas de parfaite exécution - l'éclosion d'une journée réussie. Alors Adolf se levait tôt afin d'arriver le premier à sa boulangerie préférée et c'est avec de lourds cernes sous les yeux qu'il en ouvrait la porte et qu'il entendait la clochette tinter. Ding ding. C'est moi, c'est Adolf, je viens chercher mon pain au chocolat ! La boulangère, une allemande toute en rondeur et charme, l'accueillait avec un sourire tout de même légèrement feint tant elle était crevée par sa nuit passée sur les reins du fils de l'imprimeur. Le pain au chocolat, encore chaud, à peine moulée, frétillait au fond de son sac de papier blanc. Il avait un peu peur d'être mangé bientôt mais il pouvait, heureusement, soulager une partie de sa peine en en parlant avec son voisin, un pain au chocolat quasi identique à lui, qui tenait dans le même sac de papier blanc. Parce qu'Adolf Hitler était quelqu'un d'absolument prévenant et qu'il savait très bien que pour que son plan n'échoue pas, il valait mieux qu'il ait le droit à l'erreur. Voilà pourquoi tous les matins il achetait non pas un mais deux pains au chocolat afin de s'assurer qu'au moins l'un des deux soit tant en terme de taille, de texture que de goût à la hauteur de ses solennelles espérances.

"Gardez la monnaie ma brave !" disait-il tout excité à l'idée d'être sous peu chez lui en train de déguster son délicieux pain au chocolat trempé dans le lait froid.

Une fois rentré et doté des viennoiseries adéquates, il lui restait à régler le problème du lait et de sa température. Car le lait, tout comme chacun des liquides extraits d'un animal aussi téméraire que la vache, est un véritable casse-tête pour la conservation. Il peut tourner, il peut perdre sa saveur, il peut devenir crémeux, il peut être si froid qu'il aura le goût de l'eau etc...Par conséquent, c'est non sans angoisse que chaque matin Adolf Hitler sortait sa petite bouteille de lait de ferme du réfrigérateur. Il savait que le moindre trouble vécu par ce lait d'une grande préciosité risquait de plonger dans l'amertume l'intégralité de la journée à venir. Il commença, malgré l'importance de la tâche, à verser plutôt tranquillement son lait dans son bol de céramique des Alpes. Ses yeux, ivres d'excitation, étaient comme penchés au balcon d'un opéra fantôme entièrement dédié à son plaisir intime. Et les pains au chocolat conversaient, tour à tour morts de peur et de rire comme lorsqu'ils comprenaient toute l'absurdité de la vie, de la mort. Le chocolat, en barres, était issu d'un artisanat sublime, il avait été confectionné par quatre personnes terriblement qualifiées, de vrais maîtres chocolatiers mais pas de ce genre de maître chocolatier vieux et obtus, non, c'étaient des maîtres chocolatiers jeunes, ravissants et tout à fait géniaux. Le chocolat, enfoui sous le pain, n'avait pas vraiment peur, il restait digne, il savait que sa destinée était d'être haché par des forêts de dents et des scies de salive. Vraiment, l'attitude du chocolat dans cette situation était exemplaire, elle aurait pu mériter une médaille et tout sauf en lui-même.

Adolf Hitler tira l'un des pains au chocolat du sac en papier blanc. Il y avait comme une pointe de quelque chose dans son sous-vêtement. Enfin, après presque une heure d'attente et de préparatifs, il plongea le plus chaud des deux dans le lait à la fraîcheur mystique - lait qu'il avait goûté juste avant, d'une moitié de lèvre, histoire d'être certain qu'il n'allait pas gâcher ce moment d'absolu. Il le ressortit du lait, son corps pâteux était imbibé et annonçait un fondant des plus miraculeux.

Adolf mit le pain au chocolat dans sa bouche impatiente.
Il se moquait bien des possibles éclaboussures du lait, il avait taillé sa moustache aérodynamiquement de sorte que pareille gêne sur lui ne pouvait exister.
Il mordit. Grumpf. Chantant désormais dans le même chœur, le canon du lait et de la pâte moelleuse touchait à des harmonies folles. La pâte était douce et sucrée et le lait propulsait des injections subtiles de paradis latin contre le palais abasourdi du Führer. Et c'est là, tandis que tout paraissait déjà bien orgasmique, que le chocolat rentra dans la partie de toute sa profondeur...sorte de baiser gigantesque capable de recouvrir une tête toute entière, le chocolat serre dans ses bras ceux qui savent s'y soumettre et les relâche seulement pour qu'ils puissent souffler et crier de jouissance.

Adolf Hitler, après sa première bouchée, était dans un état d'ataraxie complète.

Nous étions en 1919 et quelques années plus tard, sa boulangerie favorite fit malheureusement faillite.

Dépité mais pas abattu, Adolf Hitler se consola par la suite comme il put.
Il essaya d'autres boulangeries - toutes décevantes - puis le thé, l'alcool, la codéine mais rien n'arriva à la cheville du pain au chocolat trempé dans son lait froid.
A part, peut-être, le fait d'abattre à bout pourtant un père de famille juif implorant le pardon.
Mais là encore et même s'il adorait cette occupation, il n'était pas heureux comme à l'époque, bénie, du lait et de la viennoiserie.

 Adolf Hitler mourut le 30 avril 1945 à Berlin après une vie politique des plus mouvementée.
La boulangère, du nom réel de Gertrude Erderle, quitta l'Allemagne pour les États-Unis (toujours avec les reins du fils de l'imprimeur) en 1924 et devint, deux ans plus tard, la première femme à traverser la Manche à la nage.
Le fils de l'imprimeur, ainsi que ses reins, ne devinrent rien de palpitant.
Le chocolat, quant à lui, resta digne jusqu'au bout.
Respect.


Parade pour Gertrude - NY 1926

jeudi 15 janvier 2015

New-York, depuis la fin des arbres

Je m'étais promis de ne pas raconter cette histoire, par pudeur déjà et par peur surtout d'être pris pour un fou. Parce que cette histoire n'existe pas tout à fait. Elle n'est pas réelle et sort seulement d'une boîte crânienne abrutie par l'angine et les médicaments. Une boîte crânienne de type qui ne dort pas assez, qui ne sort pas assez, qui n'en fait pas assez. Enfin...

Tout commence à New-York, il y en a un an de cela, en plein hiver et pendant que neige tombe. New-York...cette ville est une énorme erreur, un immense bouquet de boyaux suintants la boue et l'eau décolorée. Un machin fumant d'une tristesse absolue avec dedans des millions de gens qui vont et viennent sans parler la même langue. C'est Babel effondrée et sans soins médicaux.

Ce lieu - New-York - et cette date - il y a un an en plein hiver - n'ont que peu d'intérêt pour la suite des événements. Joe m'a d'ailleurs conseillé de ne pas les évoquer mais je l'ai fait malgré tout par souci classiciste. Joe, c'est ma relectrice, une géniale personne dont le potentiel est si grand qu'elle pourrait se mettre à apprendre le russe et gagner un concours de dégustation de hot-dogs dans la même journée que j'en serais à peine étonné. Joe n'aime pas les lieux communs, Joe aimerait que l'imagination domine tout et toute chose et que nos doux cerveaux nous permettent de tracer dans le ciel à un million à l'heure. Joe n'aime pas tellement ce que j'écris, je le vois à la moue qu'elle fait parfois quand elle m'envoie un chapitre relu et corrigé par mail...je vois sa moue dans son "voir ci-joint", je la vois sa grimace d'insatisfaction et c'est pourquoi je m'efforce de plus en plus à produire des histoires percutantes basées sur le monde des rêves.

Malheureusement pour moi et pour Joe, comme je suis du genre torturé et toutes ces conneries, je rentre beaucoup plus facilement dans le monde des cauchemars que dans celui des rêves et il est par conséquent très fréquent que mes "rides" sur la voie lactée se terminent par des twists peuplés d'enfants découpés et de têtes lentement énucléées. C'est terrible quand même que de ne pas savoir se satisfaire de quelque chose de joyeux alors qu'on pourrait en être théoriquement capable. Capable d'écrire une nouvelle qui filerait la banane, la fraise, la pêche voire l'abricot. Mais je n'y arrive décidément pas, quand on me montre un fruit, je ne sais voir que les vers qui bientôt l'embrasseront.

Quoi qu'il en soit, il n'y aura pas de fruits ni de vers rampants dans cette histoire qui, je le rappelle, commence à New-York l'année dernière en plein hiver. Je suis alors de passage dans la fausse capitale pour affaires amoureuses et plutôt que d'occuper mes journées à flâner gaiement parmi les avenues surchargées de buildings flippants, je les occupe à tousser et à éternuer toutes les humeurs en mon corps disponibles. En vacances mais malade comme un chien et sans ma moitié pour veiller sur moi puisqu'elle doit bien travailler pour pouvoir gagner le pain qu'elle dépose, une fois le soir venu et de sa main sublime, dans ma bouche asséchée. Le scénario est jusque là plutôt inconfortable, vivable bien sûr mais loin d'être jouissif, lumineux, grandiose ou tout ce que vous voulez.

On a un homme seul dans un appartement new-yorkais et cet homme a un rhume qui lui gâche la vie. Cependant, celle-ci continue alors il l'occupe comme il peut, par exemple en observant le mouvement anarchique des oiseaux ou en regardant des programmes outranciers à la télévision. Et les heures passent et la neige tombe, et sa copine travaille et l'histoire, silencieuse, va bientôt émerger.

Sa copine rencontre un homme là où elle a pris l'habitude de manger à midi. Cet homme est serveur, souriant et beau garçon. Et il n'est pas malade et il n'a pas tendance à tout vouloir noircir et il n'a pas de kilos en trop. Le bâtard. Au départ, sa copine n'envisage rien du tout avec le serveur mais sa gentillesse et le contraste qu'elle crée avec la lourdeur marquée de son actuel amant font que...De fil en aiguille et d'aiguille en fil, le sourire se transforme en baiser; le baiser en histoire d'amour fou...

L'homme est toujours malade et ignore tout de cela. Trop concentré qu'il est sur lui-même et sur le fait d'avoir toujours à sa disposition trois ou quatre mouchoirs au moins. La télévision illumine ses yeux jaunes comme un mini Time Square et son âme peu à peu perd en intensité. Il se souvient de quand il était jeune alors qu'il n'est pas encore vieux, c'est là un signe certain de désespoir. Il pleure et éternue, se mouche et pleure et se mouche puis éternue. Son existence tourne à l'informité. Trouble sphère verte de déceptions et de caillots fiévreux.

Et sa copine est amoureuse d'un autre.

L'homme est toujours en vacances, il ne voit rien, il sombre dans une forme de pure paralysie. Comme s'il n'avait pas su se retenir et qu'il avait regardé Eurydice dans les yeux. Sauf qu'Eurydice est la faucheuse cette fois-ci et que...

Hey mais qu'est-ce qu'il y a dans ce meuble sous le téléviseur. On dirait une sorte de manteau mis en boule, du gros tissu imperméable replié sur lui même...hey mais il y a de la ficelle autour de ce manteau...on dirait que cette boule est serrée contre autre chose...

L'homme ouvre le meuble de télévision qui, derrière une fine couche de verre fumé, renferme cette boule partout ligaturée. Au toucher, son impression de "tissu imperméable" se voit immédiatement confirmée. Son sentiment qu'un objet est caché à l'intérieur, sous le tissu et les ficelles, également.

Il est 10h du matin, sa copine revient habituellement de son travail vers 17h. Il peut tout à fait découper les ficelles puis s'arranger soit pour les remettre en ordre soit pour aller en acheter d'autres afin de refaire le paquet et de ne pas se faire prendre en plein délit d'intense curiosité. Il s'arme d'un couteau et coupe tant bien que mal au travers des cordes solidement serrées.

Elles finissent par lâcher et le manteau par découvrir ce qu'il cachait.

Vu la masse et la forme qui s'en dégagea, l'homme crut en premier lieu qu'il s'agissait d'un crâne.

Sa médiocre santé avait dû lui jouer un tour puisqu'il s'agissait, finalement, simplement d'un carnet d'une facture standard. Noir, plein de feuilles et d'écritures, il n'avait rien qui le rendait unique. Il n'avait pas l'air de dater de l'époque des premières révolutions humaines ni de renfermer en lui des dessins et incantations susceptibles d'obliger Satan à venir jouer au bridge illico presto. C'était un carnet noir d'une inquiétante banalité.

Néanmoins, l'homme continuait de se demander pourquoi il avait été dissimulé de cette manière...de façon à être partiellement invisible...et c'est en gardant cette question dans un coin de sa tête shootée à l'aspirine, qu'il ouvrit le carnet et qu'il en lut le titre :

"Journal d'une fille spéciale"

*****

Motorcycle Display Team - Album Cover

lundi 12 janvier 2015

Sickhead

Par la fenêtre je vois des ribambelles de formes vives et contradictoires.
Il paraît qu'elles veulent vivre et avoir des enfants. 
Il paraît, aussi, qu'elles savent s'entretuer avec facilité. 
Je ne sais plus qu'y croire, les formes ou leurs couleurs fades ? 
Elles sont si rapides et si positivement incapables d'aimer.
Et pourtant, elles savent défiler assez harmonieusement comme dans un long tunnel façonné par Kubrick.

A vrai dire nous mentons, c'est tout ce que je sais.

Par la fenêtre, je vois mes plantes en reflet. Elles étaient jolies mes plantes mais voilà qu'elles flétrissent et qu'elles tournent, au fil du temps, à la bouillie feuillue. Je vois aussi le téléviseur, ce masque immense qui semble aller au visage de tout le monde. Je vois la pluie également qui roule sur mes murs et ne sourit jamais. 

Nous avons voulu tant de choses à la fois sans seulement faire un pas.

Par la fenêtre je vois la lune ensommeillée. Elle ronfle terriblement, comme abattue par mille et un calmants. A cause de qui est-elle dans cet état ? J'ai souvenir d'une lune gaillarde et palpitante, du genre qui met des bas et chasse l'ombre où qu'elle soit. Souvenir d'une lune comme une Fantomette...
Cette lune-là n'est plus qu'un rêve déceptif. 
Cette lune-là n'est plus qu'un rêve. 
Cette lune-là n'est plus. 

Et c'est vers le soleil que nous pensons marcher tandis que derrière nous, notre peau se défait.

Adieu muses et magiciennes, adieu palettes solennelles du soir qui tombe à pic, maintenant c'est l'heure de la revendication passagère et de l'union d'un Jour, l'heure du combat contre des hommes armés qui tuent sans y penser. L'heure, comptée, d'une triste humanité de tout esprit lestée.

Il n'y a que peu de différences profondes entre un feu d'artifices et un concert de bombes dites à fragmentation. 

Par la fenêtre je vois qu'on peut encore l'ouvrir. 
Et que même si l'on peut aisément en sauter, 
On peut, avec courage, y respirer de l'air
Et que cet air, malgré tout, demeure en liberté. 






jeudi 8 janvier 2015

Et si de jeunes enfants avaient été présents en ce matin d'hiver...qu'auraient-ils fait ces Autres ?
Sinon tirer et être contents d'eux ?
Qu'auraient-ils fait ?
Auraient-ils plutôt mis des bulles de savon dans le fond de leurs armes et bu du café noir, le tout en plaisantant sur l'importance de ces sujets divins ?
Qu'auraient-ils fait vraiment en face de jeunes enfants ?
Se seraient-ils vêtus de rouge et puis de blanc pour chanter des récits de fêtes et d'harmonie ?
Ou alors ils auraient joué à chat, glacé forcément puisqu'il fait si froid ?
Ou alors ils auraient mangé du quatre-quart jusqu'à être plein ventre puis auraient fait la sieste en pensant aux mains chaudes de leur mère adorée ?
Ou bien ils auraient pris la porte, poliment et non sans avoir bredouillé en partant quelques discours d'excuses...

Ça aurait pu faire une anecdote drôle et un chouette dessin.
Enfin...ce dessin, ne rêvons pas, on ne le verra jamais...

Car il n'y avait que des vieux présents en ce matin d'hiver, du genre dessinateurs et qui remuent la terre,
Et que ces Autres ont choisi, à cause de cela, de les abattre en tas.
Ils firent de même avec deux policiers ainsi qu'avec un peu de ma croyance en l'Homme.

J'espère cependant que l'on se relèvera et que l'âme de ces monstres, au creux du paradis qu'on leur a sûrement stupidement promis, s'ennuiera mortellement...avant d'être effacée, d'un coup de gomme, par le Tout-Puissant...

C'est-à-dire le libre
C'est-à-dire l'innocent.

mercredi 7 janvier 2015

Ressusciter 2007 : Dieu n'en a pas fini de crever ?

Texte écrit, déjà, le 14 février 2007 : 

J'AVAIS PAS ENVIE D'ECRIRE. Mais encore une fois la force des choses ou des mots. Les mots m'ennuient, me saoulent. Tous les soirs, je rentre et mes réseaux de nerfs forniquent entre eux pour créer des harmonies phonétiques qui créeront phrase. Phrases et révoltes. Pas envie de parler de l'abandon. Des filles. Pas envie de parler des regards bovins des métro-pommes (un métro-pomme est quelqu'un qui fréquente le métro). Pas envie de me rejouer le solo du " je suis moche et mal sapé, on m'aime pas " avec des trémolos dans l'encre. Pas besoin de ce man qui ressemble à Patrick Bruel et on ressemble tous à Patrick Bruel et à un trampoline troué. Pas besoin du machin en face, un garçon de mon âge mais tout minuscule et avec une écharpe et des lunettes et qui doit avoir une queue grosse comme un enfant de trois ans, enfin c'est ce que je me dis et je suis pas très clair. Toujours : " On s'en bat les couilles mon frère ", toujours tous, montés sur ressorts, qui n'ont jamais eu les doigts glacés par l'orage. Car le désir est un orage. Petite fille riche se pose à côté de moi, ne me regarde pas, belle, veste bleu nuit, petite fille riche. Je pourrais l'intéresser. Et moi de galoper pensée allant vers une relation irrésistible, faite de jeux graves, on aurait convoqué la nature, les lueurs du matin l'éblouiraient comme jamais, on aurait trouvé un truc agréable à faire, on l'aurait appelé "l'amour" etc... Les femmes adorent peut-être les types étranges. Tiens, la mendiante au bébé bleu n'a pas encore le bébé mort, bleu. Les clodos, les pochards, les ivrognes, les alcolos, les vessies pleines pissent contre les murs plats de pierre. J'en ai marre d'écrire ma pensée directement. Marre de mater les passantes. Marre d'avoir la haine envers tous ces vendus pasteurisés qui déambulent dans les cauchemars souterrains de Paris, ville velue. Faut que je m'achète une nouvelle paire de chaussures, faut que je soigne mes traces adolescentes, faut que j'ai la peau nette, faut que je change de vêtements, faut que je m'informe, faut que je tue ce sikh au turban orange. La peur laisse dangereusement vagabonder l'âme. Je prends le risque. Mais je deviens fou et j'en ai ma claque de mes divagations puériles. Je tombe, j'ai du sang dans les reins. J'AVAIS PAS ENVIE D'ECRIRE. Mais comme toujours malgré moi, une réalité me saute à la gorge. Et je me sens comme obligé de décrire précisément ses crocs de vraisemblance...

Moi, libre, posé dans un train. Des jeunes puisque c'est leurs noms fument des spliffs allégrement, la fumée euphorisante s'échappe de leurs bouches vives et c'est tant mieux pour la légalité. Des jeunes français puisque c'est leur nationalité. Qu'ils aient le teint mat n'y change rien. Moi, libre, chié dans un train, lisant Charlie Hebdo, journal de gauche ou d'extrême-gauche, un temps assimilé anar (ce journal est drôle aussi, et y'a des dessins et puis y'a Cavanna, j'aime bien ses manières de réfléchir même si c'est un vieux à moustache). Moi, libre, débris des chemins de fer, je ne suis pas toujours d'accord avec les idées de ce journal mais ils ont au moins le mérite de penser peut-être pas toujours haut mais FORT. Moi, libre, fouetté par l'air à grande vitesse, me régalant des détails et des vérités jugulant le procès. Le procès des caricatures. Moi, libre, étudiant pas libre, mais écrivant tant bien que mal pour personne, libre on va dire.

" OUAIS, c'est ça "

L'enivrant écran de fumée s'approche de ma personne qui aime l'humour et la provocation.

" Je peux lire ce que tu lis " Parole de voyant mais non finalement, il palpe mon journal, je prends mon sac, j'ai pas envie qu'il le pique, j'écris des trucs géniaux en ce moment et si je les perds je vais être triste comme un pays d'Amérique du Sud sans gouvernement.

" C'est quoi ça " Il désigne la reproduction miniature d'une des caricatures en question.
" C'est pas bien de faire ça avec Mahomet, si moi j'allais taguer sur les murs Jésus en train de se faire enculer, tu serais pas content, les gens seraient pas contents. "

Je lui explique que je ne crois en rien, et que certes les gens ne seraient pas contents mais que les chrétiens ont évolué par LA FORCE DES CHOSES sur la question du blasphème et que de nos jours l'acte serait condamnable non pas pour ce qu'il représente mais juste à cause de la dégradation engendrée sur le mur peint.

" Non mais toi, tu crois en Jésus tout ça. Je suis sûr les gens seraient pas contents, pourquoi vous croyez que Mahomet est un terroriste. Pourquoi ? "

L'herbe qu'il fume n'a pas l'air mauvaise, si j'arrive à lui faire comprendre que c'est pour la liberté d'expression et que ce n'est pas raciste au contraire, j'espère bien lui taper une taffe ou deux. Au fait, la drogue n'est elle pas interdite par sa religion ? AH NON, IL A DES NIKES AUX PIEDS.

C'est pour la liberté d'expression. Pour montrer que les intégristes musulmans sont des idiots (gros connards sanguinaires sonnent plus vrais mais jouons-la sobre).

" Quoi intégriste ? "

Ben si tu veux les mauvais musulmans, si on peut dire (tous les croyants sont foutus), ceux qui se servent de la parole sacrée et la détournent pour faire la guerre.

Je précise ici que mon élocution était moins léchée mais que néanmoins à mon plus grand étonnement, j'ai  plutôt bien parlé.

" Ouais hmmm..." Palpant froissant mon journal de plus belle
" J'ai vu des types à mon boulot, ils avaient ce truc là, celui avec les caricatures, ils le gardaient tout le temps et ils étaient contents. C'étaient des gros fachos. "

Je lui dis que l'enjeu est tout le contraire du fascisme, qui est un communautarisme frappeur. L'enjeu est de s'en soustraire PAR L'ABSURDE. L'enjeu est la liberté. Liberté de croire ou de ne pas croire. Liberté d'expression, j'écris des salopards et pourtant je les admire.

1 La raison doit dépasser la superstition
2 La superstition ne peut alors plus rien dicter.

" Pff..." ah effluves organiques! Vraiment de la bonne beuh, dommage que ça me semble mal engagé
" Ça sert à rien de parler avec quelqu'un comme toi. "

O K
C'est un peu toujours pareil. On discute et au final tout le monde veut avoir raison, veut rester comme il était avant avec son petit chapiteau béni de croyances. On ne discute plus vraiment. J'aurais pu être comme lui et me mettre à stigmatiser sur les Arabes (puisque c'est un de leurs noms que les médias choisissent pour nous)(ou musulmans au choix, oui...dans ce triste état de fait, toutes les personnes d'origine arabe sont musulmanes) idiots et sourds. Pas la peine, celui-là était juste un peu distrait. Un jour inch'Allah il rencontrera un mec comme moi, arabe, noir, juif, bleu, crachat qui lui balancera à peu près la même chose et il comprendra. Il brûlera la mosquée tout en gardant la foi. C'est tout ce que je lui souhaite, bien qu'avec la foi ça risque d'être dur d'avoir la nouvelle console à la mode.

J'ai sans doute tort mais je m'en fous, je m'amuse bien.

Charlie Hebdo, journal satyrique français ami de l'anarchie devenu canard facho, l'esprit d'ouverture recule des fois.

JE QUITTE LE TRAIN AVEC INDOLENCE.
Il me lance

" ATTENTION A NE PAS SOMBRER dans le racisme "

Pas mal pour un mussolini maghrébin qui quelques secondes plus tôt traitait Bernadette Chirac (oui) de youpine. Youpine, ça me rappelle vaguement un truc...J'm'en branle après tout, pays de bicots, de niakwés, de youpins, de pakos, de bamboulas, de sales blancs, de métissage. FRANCE, JE T'AIME PAS ! JE TE KIFFE !

QUE JESUS, MOHAMED ET JUDA AILLENT TOUS SE FAIRE ENCULER.
QU'ILS SE METTENT ENTRE EUX DANS LE BON RESPECT DE LA LOI.
C'EST PAS MES OIGNONS ET ÇA ME FERA DES VACANCES.

Poufff...Tout ça n'est que de la poudre, je m'en retourne à mon ciel rose bonbon qui lui, au moins, reste beau sans broncher.


Kasimir Malevitch - Cercle noir