dimanche 19 juillet 2015

L'archétype mystérieux

Pour avoir un suspense, il suffit de placer un personnage dans une situation aux airs de quotidien puis de le faire mourir hyper surprenamment.
Il convient ensuite de remonter le fil qui mène à l'assassin en s'assurant que la vérité finale paraisse pour le lecteur aussi étrange qu'implacable.
Pour cela, membres de la famille présumés disparus au départ de l'intrigue et/ou sectes centenaires font tout à fait l'affaire.
L'important, non, l'essentiel étant que cela choque tout en se présentant comme la seule et unique possible solution.

Ainsi, on peut commencer en évoquant Karel, le coeur battant en train d'attendre à la gare que son amour se pointe. Son amour s'appelle Julia. Elle aimerait rejoindre les bras chaleureux de Karel mais son train a du retard, la faute à un incendie survenu non loin d'une des gares desservies lors de son long trajet. Il va de soi que Julia finira par arriver trop tard et que le coeur battant de Karel finira transpercé par un poignard fluet. Mais qui portera les coups et pourquoi tuer Karel ?

De là, il s'agira de broder avec un maximum d'ardeur histoire que votre lecteur ne pige pas que toute votre saloperie d'intrigue repose sur une moitié de timbre-poste. Parce que bon, on sait bien que Karel en fait, avait un terrible secret. Tout comme nous savons qu'aucun incendie n'a été recensé ce jour-là dans cette région du globe. De même que nous n'ignorons pas que Julia avait été contre toute attente aperçue quelques semaines avant le drame dans un petit cabaret berlinois davantage fréquenté par la pègre que par la bourgeoisie. Nous nous doutons bien également que le frère mort-né de Karel se cache derrière cet homme suspect qui se rend tous les jours tout près des lieux du crime, d'autant que ce con-là est le portrait craché du chéri regretté.

Du reste, il est infiniment conseillé de laisser suffisamment d'irrésolues passages au sein de votre livre pour rendre nécessaire une suite et, bien évidemment, il est obligatoire de rendre le tout facilement adaptable à l'écran. Ce serait bête d'oublier pourquoi vous écrivez.


Polar Beer


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire