jeudi 10 octobre 2019

Encore !

Le Temps courait à demi-nu sur moi
Son sein chaud et sa hanche
Son mi-sourire m'émoustillaient
Et ses cheveux en avalanche,
Et sa joue, mon chevet,
Ma rive, mon livre, sa tranche...

Il fallait que je dorme mais c'était impossible
Avec Elle dans ma tête
Et Lui contre mon bide.

Je me mis à relire
Pour peut-être
La huit ou neuvième fois au cours de la même nuit.

C'était toujours après une question, dans un dialogue, que je fermais les yeux.
"Qu'est-ce que tu fais ici ?"
"T'es vraiment sûr de toi ?"
"As-tu fait bon voyage ?"
"T'es pas malade au moins ?"

Et puis je les rouvrais,
Pareil le livre,
Pareils les regrets
D'une histoire finie
Dont je connais pourtant

Par cœur

L'histoire de la suite...

*

Une margelle à Venise sur laquelle m'étendre...
Longtemps, longtemps,
Le temps de devenir une poignée de pièces
Tombant, tombant,
Dans cette fontaine tiède :
Froide de mort
Chaude d'amour
Et des chances qui restent
Même quand le corps cède...

L'éternité toujours...
Là-bas, sous ces pommiers
Inversés
Aux fruits brumeux et gourds
Mais cachant aux trognons
Des incendies, des fours,

Là-bas, disais-je,
Je descendrai à ta rencontre
Jusqu'aux sommets des tours
Où ta mine est bâtie,
Et je battrai ma coulpe
Et je ramperai sans honte
Parmi ce paradis
Que ton visage propose
Quand il se réalise...

Masque de fresques aux frasques roses,
Licencieuses bêtises,
Ce faciès opérait une métamorphose,
Alchimie clandestine

Chez qui pouvait le voir
Comme je t'imagine...

Il fallait que je dorme, que je me branle ou relise une question pour la forme...
"Mais quand serai-je libre ?"

*

La nuit me répondit par trois heures de calme.
C'était déjà ça de pris,
De regagné sur l'âme.


L'arbre rouge - Piet Mondrian