lundi 17 mai 2021

S'agirait de grandir

Partout des incendies pluvieux

Et des marées sacrément radicales

Rempotaient le beau lierre.


Les pleureurs idem voyaient leurs gros chagrins transformés en tristesse

En gestes de dépit et replis sur eux-mêmes les empêchant que d'être

En tant que vertes et reposées merveilles.


Grand amour et misère avaient, la faute au mauvais temps ayant colonisé les deux tiers de l'horloge, 

Mis de côté leurs inconscients. 


Adieux furent donc faits aux pulsions titanesques

Ainsi qu'aux ancestraux besoins

D'aller guetter la mer, 

A la fois pour son eau similaire à nos larmes

Et pour s'imaginer endormi sous ses algues. 


Il n'y avait plus que des roses 

Inoffensives et claires de message.

Et quelques morts par accident plutôt que par noyade.


Ophélie affolée constata stupéfaite sa solitude immense maintenant que les songes, 

les mensonges, les démences, 

étaient neutralisés. 


Euthanasié le rêve n'existait plus du tout, comme toutes et tous demeuraient désormais dominés mais debout.


Outre cela, du monde, il ne restait que des chansons et une poignée de contes.

Ailleurs partout des autoroutes d'automates s'accommodant, commodes, au vieillissement subventionné de leurs organes. Vus du ciel, ces hommes auraient très bien pu être des mouches...

Encore qu'elles aient, elles, des ailes...


Je ne sais pas quand tout à commencé à finir de la sorte, aussi peu gracieusement. 

Je sais que ça a à voir avec les plantes, et la disparition progressive des jardins 

Mais après j'en sais rien...


J'aimerais pouvoir, savoir, aimer intactement

Tout comme avant quand j'y mettais du mien


Mais ça m'est impossible comme il est impossible au lierre de fleurir et au saule d'exprimer librement son chagrin.

Je suis devenu un homme-mouche à mon tour, une partie de ces autres qui, sans ailes ni volonté d'aller guetter la mer, cotisent heureusement puis se paient des bouquets, splendides, de roses rouges.


Et bien que ça me terrifie

Qui puis-je en vérité ?

Qui puis-je si c'est ma vie

Et que je l'ai méritée ? 


Albrecht Dürer - Extrait de gravure retrouvée