vendredi 14 novembre 2014

Ce miracle qu'est l'homme pour la femme moderne

Tu sors sans protection puis tu rencontres un mauvais homme.
C'est pas qu'il est violent, c'est qu'il est plein de promesses : de mondes sans montagnes et d'univers sans pluie, de couchers de soleil trempés dans le café et de nuits délicieuses à renverser la vie.
Tu sais qu'il ment, que profonde est la nuit et qu'elle est dans ses yeux.
Tu sais bien, toi, qu'il finira par s'obscurcir comme l'ont fait tous les autres.
Qu'il finira par préférer le pain au jeu, le vin au jeu, le vain au jeu.

Qu'il te frappera.

D'abord sur le coeur en fuyant ton regard, en refusant ta main
Puis sur la gueule un soir de match piège.
Tu sais qu'il fera partie de ceux qui rêvent que la jeunesse ne vieillisse jamais, que les seins ne tombent pas
Et que le désir apparaît sur commande.
Tu sais qu'il vous ruinera en pariant tout l'argent sur un cheval malade comme tu sais aussi que de feux d'artifice il n'y aura jamais, pas plus de lac de Côme.

Tu sais que son sommeil sera des plus bruyants et qu'il te rabaissera s'il a trop mal dormi.

Tu sais que ton sexe sera mis de côté, ton clitoris de même
Et ainsi de suite jusqu'à ton âme...mais qu'il n'y aura pas la paix tant qu'il n'aura pas joui
Dans ta bouche si possible.

Tu sais tout cela et pourtant, tu sors, sans protection
Tu te dis que peut-être...
Tous les hommes ne sont pas...

Et dix-huit mois plus tard
Derrière tes lunettes noires
Tu n'espères rien d'autre qu'une dernière rencontre.

Avec une balle, avec une lame,
Avec un trente-six tonnes t'emmenant sous ses phares.


Maria Helena Vieira Da Silva - Les Grandes Constructions




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