jeudi 5 février 2015

Absence et marée noire

Sans saisir réellement le sens d'une telle rêverie, je me suis réveillé au fin fond d'une mer baisée par le pétrole. La peau noire et forcément très lourde, j'ai erré par la suite pendant presque vingt ans. En quête de soleil ou en tout cas de quelque chose capable de m'enlever mon habit difficile, j'avais dans l'ambition de devenir une flamme ; et l'espoir qu'étrangement le feu me purifie.

C'était là la pensée de quelqu'un qui sommeille et qui ne sait plus trop, où sont les sols, où sont les cieux. C'était là la pensée de quelqu'un qui se meurt et qui, par égoïsme, oublie jusqu'à tes yeux.

Pourtant, ils sont très magnifiques et savent mieux que personne épuiser les poisons...Pourtant, ils me regardent tandis que j'erre, la nuit aux joues, et ils croisent les doigts pour que je m'en libère. Pour que je sorte de là, de l'enfer pétrolier, et pour que mes douces mains retrouvent ta bouche, pressent tes seins.

Mais tes yeux ne peuvent pas à ma place m'extraire
Du cauchemar XXL que j'ai laissé venir
Ils peuvent seulement m'appeler quand grande est l'insomnie
Et me dire tendrement
Que même si elle noircit...que même si elle est noire
Pure est mon énergie et qu'il se peut qu'un soir
- Si je ne lâche pas prise -
Je m'envoie le futur et puis Rome et Venise !

Réveillé je me lave au fond d'un lac blanc,
Celui qui compte les jours et t'aime absolument.


Guido Crepax - Tautology

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