mercredi 7 janvier 2015

Ressusciter 2007 : Dieu n'en a pas fini de crever ?

Texte écrit, déjà, le 14 février 2007 : 

J'AVAIS PAS ENVIE D'ECRIRE. Mais encore une fois la force des choses ou des mots. Les mots m'ennuient, me saoulent. Tous les soirs, je rentre et mes réseaux de nerfs forniquent entre eux pour créer des harmonies phonétiques qui créeront phrase. Phrases et révoltes. Pas envie de parler de l'abandon. Des filles. Pas envie de parler des regards bovins des métro-pommes (un métro-pomme est quelqu'un qui fréquente le métro). Pas envie de me rejouer le solo du " je suis moche et mal sapé, on m'aime pas " avec des trémolos dans l'encre. Pas besoin de ce man qui ressemble à Patrick Bruel et on ressemble tous à Patrick Bruel et à un trampoline troué. Pas besoin du machin en face, un garçon de mon âge mais tout minuscule et avec une écharpe et des lunettes et qui doit avoir une queue grosse comme un enfant de trois ans, enfin c'est ce que je me dis et je suis pas très clair. Toujours : " On s'en bat les couilles mon frère ", toujours tous, montés sur ressorts, qui n'ont jamais eu les doigts glacés par l'orage. Car le désir est un orage. Petite fille riche se pose à côté de moi, ne me regarde pas, belle, veste bleu nuit, petite fille riche. Je pourrais l'intéresser. Et moi de galoper pensée allant vers une relation irrésistible, faite de jeux graves, on aurait convoqué la nature, les lueurs du matin l'éblouiraient comme jamais, on aurait trouvé un truc agréable à faire, on l'aurait appelé "l'amour" etc... Les femmes adorent peut-être les types étranges. Tiens, la mendiante au bébé bleu n'a pas encore le bébé mort, bleu. Les clodos, les pochards, les ivrognes, les alcolos, les vessies pleines pissent contre les murs plats de pierre. J'en ai marre d'écrire ma pensée directement. Marre de mater les passantes. Marre d'avoir la haine envers tous ces vendus pasteurisés qui déambulent dans les cauchemars souterrains de Paris, ville velue. Faut que je m'achète une nouvelle paire de chaussures, faut que je soigne mes traces adolescentes, faut que j'ai la peau nette, faut que je change de vêtements, faut que je m'informe, faut que je tue ce sikh au turban orange. La peur laisse dangereusement vagabonder l'âme. Je prends le risque. Mais je deviens fou et j'en ai ma claque de mes divagations puériles. Je tombe, j'ai du sang dans les reins. J'AVAIS PAS ENVIE D'ECRIRE. Mais comme toujours malgré moi, une réalité me saute à la gorge. Et je me sens comme obligé de décrire précisément ses crocs de vraisemblance...

Moi, libre, posé dans un train. Des jeunes puisque c'est leurs noms fument des spliffs allégrement, la fumée euphorisante s'échappe de leurs bouches vives et c'est tant mieux pour la légalité. Des jeunes français puisque c'est leur nationalité. Qu'ils aient le teint mat n'y change rien. Moi, libre, chié dans un train, lisant Charlie Hebdo, journal de gauche ou d'extrême-gauche, un temps assimilé anar (ce journal est drôle aussi, et y'a des dessins et puis y'a Cavanna, j'aime bien ses manières de réfléchir même si c'est un vieux à moustache). Moi, libre, débris des chemins de fer, je ne suis pas toujours d'accord avec les idées de ce journal mais ils ont au moins le mérite de penser peut-être pas toujours haut mais FORT. Moi, libre, fouetté par l'air à grande vitesse, me régalant des détails et des vérités jugulant le procès. Le procès des caricatures. Moi, libre, étudiant pas libre, mais écrivant tant bien que mal pour personne, libre on va dire.

" OUAIS, c'est ça "

L'enivrant écran de fumée s'approche de ma personne qui aime l'humour et la provocation.

" Je peux lire ce que tu lis " Parole de voyant mais non finalement, il palpe mon journal, je prends mon sac, j'ai pas envie qu'il le pique, j'écris des trucs géniaux en ce moment et si je les perds je vais être triste comme un pays d'Amérique du Sud sans gouvernement.

" C'est quoi ça " Il désigne la reproduction miniature d'une des caricatures en question.
" C'est pas bien de faire ça avec Mahomet, si moi j'allais taguer sur les murs Jésus en train de se faire enculer, tu serais pas content, les gens seraient pas contents. "

Je lui explique que je ne crois en rien, et que certes les gens ne seraient pas contents mais que les chrétiens ont évolué par LA FORCE DES CHOSES sur la question du blasphème et que de nos jours l'acte serait condamnable non pas pour ce qu'il représente mais juste à cause de la dégradation engendrée sur le mur peint.

" Non mais toi, tu crois en Jésus tout ça. Je suis sûr les gens seraient pas contents, pourquoi vous croyez que Mahomet est un terroriste. Pourquoi ? "

L'herbe qu'il fume n'a pas l'air mauvaise, si j'arrive à lui faire comprendre que c'est pour la liberté d'expression et que ce n'est pas raciste au contraire, j'espère bien lui taper une taffe ou deux. Au fait, la drogue n'est elle pas interdite par sa religion ? AH NON, IL A DES NIKES AUX PIEDS.

C'est pour la liberté d'expression. Pour montrer que les intégristes musulmans sont des idiots (gros connards sanguinaires sonnent plus vrais mais jouons-la sobre).

" Quoi intégriste ? "

Ben si tu veux les mauvais musulmans, si on peut dire (tous les croyants sont foutus), ceux qui se servent de la parole sacrée et la détournent pour faire la guerre.

Je précise ici que mon élocution était moins léchée mais que néanmoins à mon plus grand étonnement, j'ai  plutôt bien parlé.

" Ouais hmmm..." Palpant froissant mon journal de plus belle
" J'ai vu des types à mon boulot, ils avaient ce truc là, celui avec les caricatures, ils le gardaient tout le temps et ils étaient contents. C'étaient des gros fachos. "

Je lui dis que l'enjeu est tout le contraire du fascisme, qui est un communautarisme frappeur. L'enjeu est de s'en soustraire PAR L'ABSURDE. L'enjeu est la liberté. Liberté de croire ou de ne pas croire. Liberté d'expression, j'écris des salopards et pourtant je les admire.

1 La raison doit dépasser la superstition
2 La superstition ne peut alors plus rien dicter.

" Pff..." ah effluves organiques! Vraiment de la bonne beuh, dommage que ça me semble mal engagé
" Ça sert à rien de parler avec quelqu'un comme toi. "

O K
C'est un peu toujours pareil. On discute et au final tout le monde veut avoir raison, veut rester comme il était avant avec son petit chapiteau béni de croyances. On ne discute plus vraiment. J'aurais pu être comme lui et me mettre à stigmatiser sur les Arabes (puisque c'est un de leurs noms que les médias choisissent pour nous)(ou musulmans au choix, oui...dans ce triste état de fait, toutes les personnes d'origine arabe sont musulmanes) idiots et sourds. Pas la peine, celui-là était juste un peu distrait. Un jour inch'Allah il rencontrera un mec comme moi, arabe, noir, juif, bleu, crachat qui lui balancera à peu près la même chose et il comprendra. Il brûlera la mosquée tout en gardant la foi. C'est tout ce que je lui souhaite, bien qu'avec la foi ça risque d'être dur d'avoir la nouvelle console à la mode.

J'ai sans doute tort mais je m'en fous, je m'amuse bien.

Charlie Hebdo, journal satyrique français ami de l'anarchie devenu canard facho, l'esprit d'ouverture recule des fois.

JE QUITTE LE TRAIN AVEC INDOLENCE.
Il me lance

" ATTENTION A NE PAS SOMBRER dans le racisme "

Pas mal pour un mussolini maghrébin qui quelques secondes plus tôt traitait Bernadette Chirac (oui) de youpine. Youpine, ça me rappelle vaguement un truc...J'm'en branle après tout, pays de bicots, de niakwés, de youpins, de pakos, de bamboulas, de sales blancs, de métissage. FRANCE, JE T'AIME PAS ! JE TE KIFFE !

QUE JESUS, MOHAMED ET JUDA AILLENT TOUS SE FAIRE ENCULER.
QU'ILS SE METTENT ENTRE EUX DANS LE BON RESPECT DE LA LOI.
C'EST PAS MES OIGNONS ET ÇA ME FERA DES VACANCES.

Poufff...Tout ça n'est que de la poudre, je m'en retourne à mon ciel rose bonbon qui lui, au moins, reste beau sans broncher.


Kasimir Malevitch - Cercle noir

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