mardi 5 juin 2012

Dehors il pleut, dedans ils pleurent

Huit millième jour sur Terre, et les grandes orgues de la mélancolie sont de la partie, évidemment.


A ma terrasse, où le café couve les langues et le tabac les brûle, une inédite galerie de gueules cassées regarde dans le vide. Ils cherchent la passion, cette poitrine d'opium qui les secourera, au coeur de ces nuits pâles, quand tout se décolore. 


Leurs yeux, aphrodisiaques crevés, clignent à chaque mollet passant, à chaque ombrelle cachant un visage de sucre. Ils espèrent une jeune femme, un calibre ravissant à se coller sur la tempe, une corde laiteuse à s'attacher au cou. Mais elle n'arrive pas, et cette longue chevelure dont ils rêvent la nuque, appartient à un type aux moeurs divergentes. 


Les tasses se terminent, les cigarettes s'écrasent et le cancer croît, un cancer de tristesse, sans élégance, sans thérapie. Ensuite vient le temps de ranger ses affaires, de poser sa monnaie et de partir.
En priant, alors qu'ils s'engouffrent dans la bouche du métro, pour qu'aujourd'hui l'amour soit d'humeur souterraine. 


Robert Crumb - Arthur Magazine Archive

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire