dimanche 31 janvier 2016

A dix mille lieux

Ce qu'il y a de plus triste dans le métier d'hôtesse, c'est qu'on ne voyage pas beaucoup. On passe des avions aux hôtels, des hôtels aux avions et le voyage à chaque vol s'éloigne un peu de nous. C'est assez injuste pour ça, de savoir qu'on est payé en fin de compte à perdre notre goût pour l'acte de partir.

Si revenir a du sens, partir n'en a plus quand on s'en va tout le temps. De même, l'idée d'atterrir à Tunis ou Tokyo n'a plus de valeur propre dès lors que l'on sait que toutes les chambres sont pareilles et que seule change la marque du savon. Non, être hôtesse n'a rien de bien exotique, au-delà de l'uniforme et de certaines, rares, rencontres.

Nous expérimentons simplement l'exacte opposée du travailleur lambda qui rêve devant sa machine à café d'une terre promise peuplée de cocotiers. 
Nous, nous rêvons de machines à café, et de sol sous nos pieds. 


Henri Edmond-Cross - The Golden Isles

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