"Her"... Le titre du film est bien, il est clair, il est concis mais
pour moi, il manque « Fl » devant...Parce que c'est vraiment ça,
Her, c’est un truc que je ne souhaite pas déflorer, voilà pourquoi cet article
sera court et relativement égocentré...
Déjà,
il faut savoir que si ce papier apparaît seulement sur le site plus d’un mois
après sa sortie en salles, il s’agit de tout
sauf d’un hasard car voyez-vous, cela fait depuis que je l’ai vu (il y a quatre
semaines et demi donc) que je rêve d'en parler et que je me perds,
malheureusement, en ne sachant pas du tout par quel angle le prendre. En effet,
dois-je parler du film en lui-même ou bien de son aspect technique ou mieux
encore de son sujet de base ?
Je pourrais très bien parler des trois en énonçant des faits aisément
trouvables par la moindre recherche google...Comme autre solution je
pourrais, aussi et puisque je suis mélomane, m'arrêter sur la bande-son
composée par Arcade Fire et féliciter le groupe canadien pour avoir enfin su
éviter l'écueil de la grandiloquence, mais ça n'aurait pas un intérêt
formidable. Non, décidément, je ne vois pas ce qui pourrait me remettre les
pendules à l'Her...
C'est pourquoi, je vais tout bêtement retourner aux sources du gonzo
journalisme transcendantal et vous raconter ma vie. Pas dans son intégralité
rassurez-vous, cela serait trop long et risquerait pour sûr de me mener
jusqu'aux assises à cause de mes fantasmes indécents (impliquant souvent des
personnes de petite taille mais rarement des enfants). Je vais simplement vous
raconter "ma vie avec Spike Jonze".
Il faut savoir que j'ai rencontré Spike il y a maintenant près d'une dizaine
d'années, c'était avec Adaptation. Je m'apprêtais à aller me coucher avant une
nouvelle journée de lycée quand, tandis que je souhaitais bonne nuit à mes
parents qui regardaient la télévision comme à leur habitude, j'entendis une
voix masculine déblatérer maintes et maintes choses sur les orchidées et leurs
reflets saillants. Immédiatement, le ton de cette voix, sa radicalité ainsi que
sa confusion patentée piquèrent mon intérêt. Une semaine plus tard, profitant
d'une rediffusion, le film était enregistré sur VHS par mes soins. Encore une
semaine plus tard, je le visionnais ardemment. Quelques mois plus tard, j'achetais
le DVD puis, quelques autres mois plus tard, je me procurais le livre contenant
le point de départ de l'intrigue : The Orchid Thief par Susan Orlean.
Depuis, il ne se passe pas une année sans que je ne revoie ce film ni n'y
repense avec tendresse. Adaptation restant selon moi, de par son traitement du
doute de l'artiste ou de par la pureté de son message final, une œuvre
sidérante.
Je fus moins enchanté en revanche par Dans la peau de John Malkovich, sans
doute parce que cette peau manquait justement d'un peu de chair, c'est-à-dire
de cœur, c'est-à-dire d'ivresse, c'est-à-dire de vie.
Concernant Max et les
Maximonstres, je ne sais pour le coup pas vraiment où me situer. Certes, je
sais que j'ai pleuré et que j'ai adoré mais je ne sais rien de plus excepté que
ce film donne envie, après son visionnage, de boire des litres et des litres de
chocolat chaud dans lesquels on tremperait ensuite, maintes infinités de toasts
beurrés au miel.
Les présentations étant désormais faites avec messire Jonze et ses gamins de
pellicule, il est temps de parler d'Elle, en bref, il est l'heure d'Her (ou je
fais un malheur) !
Alors, hm, déjà, hm...les décors sont sublimes, ils nous donnent
l'impression d'être dans un univers où tout est un gigantesque hall d'aéroport
cerclé par d'ineffables gratte-ciels empruntés à Shangaï et à Abou Dhabi. Et
euh...l'interprétation y est excellente, Joaquin Phoenix profitant de sa
moustache faite maison (et de ses chemises roses) pour perdre le côte sulfureux
qui fit sa renommée et nous camper un personnage d'une douceur et d'une
fragilité folle, Amy Adams nous prouvant une nouvelle fois qu'elle est une
actrice sur qui on peut - et on doit - compter, Rooney Mara complétant
admirablement le tableau avec grâce et luminosité, tel un Klimt sous une
collection de néons. Et puis ah oui... il y a la Voix. Celle qui, à
elle seule, justifie le sens même du film (et ridiculise celle de Secret Story
en la faisant passer pour une vulgaire blague pour adolescents nés en 1984). Ce
n'est pas tant que la voix de Scarlett Johansson soit miraculeuse, c'est plutôt
ce qu'elle incarne - ou en l'occurrence, ce qu'elle n'incarne pas - qui compte
réellement.
En existant totalement tout en ne restant qu'une voix, et ce grâce à dix
millions d'astuces présentes tant dans la mise en scène que dans le scénario,
elle est le sens profond de ce long-métrage. Ce Sens, je pourrais évidemment
vous le livrer dans le détail mais comme mon intention première est de ne pas
tuer le Mystère (à l'instar des restaurateurs chinois qui sont les seuls au
monde à encore proposer ce dessert aux pauvres humains que nous sommes), je
vais une fois de plus ruser et parler de mon expérience propre. Sachez donc,
qu'après avoir compris ce que Spike Jonze voulait réellement dire avec Her,
j'ai pleuré pendant exactement seize minutes et trente-sept secondes. Suite à
quoi, j'ai appelé celle avec qui je suis depuis quelques années et, dès que
j'ai entendu sa voix au téléphone, je fus le plus heureux et amoureux des
hommes...
P-S : Bon après, il est nécessaire d'avoir un cœur pour bien apprécier
le film sinon vous vous emmerderez comme un rat mort et enterré, d'autant qu'il
y a bien vingt minutes en trop et que la fin en elle-même est extrêmement
convenue, pour ne pas dire facile !
P-S 2 : Et puis de toute façon, vous vous devez d’aller le voir
puisqu’on y trouve la plus belle scène de sexe jamais vue au cinéma !
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