mardi 22 avril 2014

Her : En chair et en OS

"Her"... Le titre du film est bien, il est clair, il est concis mais pour moi, il manque « Fl » devant...Parce que c'est vraiment ça, Her, c’est un truc que je ne souhaite pas déflorer, voilà pourquoi cet article sera court et relativement égocentré...
Déjà, il faut savoir que si ce papier apparaît seulement sur le site plus d’un mois après sa sortie en salles,  il s’agit de tout sauf d’un hasard car voyez-vous, cela fait depuis que je l’ai vu (il y a quatre semaines et demi donc) que je rêve d'en parler et que je me perds, malheureusement, en ne sachant pas du tout par quel angle le prendre. En effet, dois-je parler du film en lui-même ou bien de son aspect technique ou mieux encore de son sujet de base ?

Je pourrais très bien parler des trois en énonçant des faits aisément trouvables par la moindre recherche google...Comme autre solution je pourrais, aussi et puisque je suis mélomane, m'arrêter sur la bande-son composée par Arcade Fire et féliciter le groupe canadien pour avoir enfin su éviter l'écueil de la grandiloquence, mais ça n'aurait pas un intérêt formidable. Non, décidément, je ne vois pas ce qui pourrait me remettre les pendules à l'Her...

C'est pourquoi, je vais tout bêtement retourner aux sources du gonzo journalisme transcendantal et vous raconter ma vie. Pas dans son intégralité rassurez-vous, cela serait trop long et risquerait pour sûr de me mener jusqu'aux assises à cause de mes fantasmes indécents (impliquant souvent des personnes de petite taille mais rarement des enfants). Je vais simplement vous raconter "ma vie avec Spike Jonze".

Il faut savoir que j'ai rencontré Spike il y a maintenant près d'une dizaine d'années, c'était avec Adaptation. Je m'apprêtais à aller me coucher avant une nouvelle journée de lycée quand, tandis que je souhaitais bonne nuit à mes parents qui regardaient la télévision comme à leur habitude, j'entendis une voix masculine déblatérer maintes et maintes choses sur les orchidées et leurs reflets saillants. Immédiatement, le ton de cette voix, sa radicalité ainsi que sa confusion patentée piquèrent mon intérêt. Une semaine plus tard, profitant d'une rediffusion, le film était enregistré sur VHS par mes soins. Encore une semaine plus tard, je le visionnais ardemment. Quelques mois plus tard, j'achetais le DVD puis, quelques autres mois plus tard, je me procurais le livre contenant le point de départ de l'intrigue : The Orchid Thief par Susan Orlean. Depuis, il ne se passe pas une année sans que je ne revoie ce film ni n'y repense avec tendresse. Adaptation restant selon moi, de par son traitement du doute de l'artiste ou de par la pureté de son message final, une œuvre sidérante.

Je fus moins enchanté en revanche par Dans la peau de John Malkovich, sans doute parce que cette peau manquait justement d'un peu de chair, c'est-à-dire de cœur, c'est-à-dire d'ivresse, c'est-à-dire de vie.
 Concernant Max et les Maximonstres, je ne sais pour le coup pas vraiment où me situer. Certes, je sais que j'ai pleuré et que j'ai adoré mais je ne sais rien de plus excepté que ce film donne envie, après son visionnage, de boire des litres et des litres de chocolat chaud dans lesquels on tremperait ensuite, maintes infinités de toasts beurrés au miel.



Les présentations étant désormais faites avec messire Jonze et ses gamins de pellicule, il est temps de parler d'Elle, en bref, il est l'heure d'Her (ou je fais un malheur) !
Alors, hm, déjà, hm...les décors sont sublimes, ils nous donnent l'impression d'être dans un univers où tout est un gigantesque hall d'aéroport cerclé par d'ineffables gratte-ciels empruntés à Shangaï et à Abou Dhabi. Et euh...l'interprétation y est excellente, Joaquin Phoenix profitant de sa moustache faite maison (et de ses chemises roses) pour perdre le côte sulfureux qui fit sa renommée et nous camper un personnage d'une douceur et d'une fragilité folle, Amy Adams nous prouvant une nouvelle fois qu'elle est une actrice sur qui on peut - et on doit - compter, Rooney Mara complétant admirablement le tableau avec grâce et luminosité, tel un Klimt sous une collection de néons. Et puis ah oui... il y a la Voix. Celle qui, à elle seule, justifie le sens même du film (et ridiculise celle de Secret Story en la faisant passer pour une vulgaire blague pour adolescents nés en 1984). Ce n'est pas tant que la voix de Scarlett Johansson soit miraculeuse, c'est plutôt ce qu'elle incarne - ou en l'occurrence, ce qu'elle n'incarne pas - qui compte réellement.

En existant totalement tout en ne restant qu'une voix, et ce grâce à dix millions d'astuces présentes tant dans la mise en scène que dans le scénario, elle est le sens profond de ce long-métrage. Ce Sens, je pourrais évidemment vous le livrer dans le détail mais comme mon intention première est de ne pas tuer le Mystère (à l'instar des restaurateurs chinois qui sont les seuls au monde à encore proposer ce dessert aux pauvres humains que nous sommes), je vais une fois de plus ruser et parler de mon expérience propre. Sachez donc, qu'après avoir compris ce que Spike Jonze voulait réellement dire avec Her, j'ai pleuré pendant exactement seize minutes et trente-sept secondes. Suite à quoi, j'ai appelé celle avec qui je suis depuis quelques années et, dès que j'ai entendu sa voix au téléphone, je fus le plus heureux et amoureux des hommes...

P-S : Bon après, il est nécessaire d'avoir un cœur pour bien apprécier le film sinon vous vous emmerderez comme un rat mort et enterré, d'autant qu'il y a bien vingt minutes en trop et que la fin en elle-même est extrêmement convenue, pour ne pas dire facile !

P-S 2 : Et puis de toute façon, vous vous devez d’aller le voir puisqu’on y trouve la plus belle scène de sexe jamais vue au cinéma !


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