vendredi 17 août 2012

Conjonctivite et chat errant

J'ai un chat et je l'aime, que ce ne soit un secret pour personne. Je ne connais pas exactement sa race, comme je ne connais pas non plus le nom de la capitale birmane, il n'empêche, il est beau. Enfin, il l'était. Mon chat est en effet du genre bagarreur et malheureusement, il est plutôt mauvais. Ce qui fait qu'à douze ans, il est désormais borgne, maigre, et a le pelage pauvre.

Mes parents et moi le nourrissons encore convenablement mais de toute évidence, son décès n'est plus qu'une question de mois. Si bien qu'aujourd'hui, à chaque fois qu'il sort s'aventurer, c'est comme s'il rejoignait pour moi l'étui de Schrödinger. De fait, je ne sais jamais dans quel état il va me revenir et j'espère souvent, à vrai dire, qu'il ne me reviendra pas, qu'il s'évanouira dans la nature et non pas dans mes bras, après avoir poussé un miaulement soupirant.

L'article de la mort, qu'il éprouve et écrit, je le veux fait divers, petite annonce perdue plutôt que gros titre ou dossier en pleine page. Cela serait un homme, qu'il meure sans me le dire, cela me rendrait fou mais pour ce beau félin, je désire cette fin-là. J'aurais alors tout le loisir et non l'angoisse d'imaginer qu'au lieu de l'arme à gauche, il aurait déposé les siennes aux jolis pieds d'une chatte, sacrément élégante, avec laquelle il coulerait une poignée d'années d'amour renversant.

Je ne veux pas l'enterrer, lui qui fut si vivant, lui qui, lorsque j'étais blessé, s'amusait tant avec mes bandages, lui qui la nuit, grattait contre ma porte avec le fol espoir de ronronner un peu dans mon plumard. Ce chat que j'ai caressé infiniment et que j'ai même soigné dans la foulée de ses premières défaites, lui enseignant ensuite quelques mouvements de self-defense, en vain apparemment...
Ce chat, je ne veux pas qu'il meure, je veux qu'il disparaisse, loin, très loin, là où tout est possible, surtout la vie.

Surtout la vie et ses quelques caresses sur le cou qui lui faisaient lever la tête, lui donnant l'air fat des empereurs égyptiens.


Michel - Affiche pour le Faust de Murnau



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