dimanche 3 janvier 2021

Icélos

Aux heures où les étoiles commencent à se montrer

Tu viens, invisible et partout,

Poser ta bouche immense sur le crâne du monde.

Ton baiser d'un rouge noir imprime alors les rêves en millions d'exemplaires

Et les cauchemars

En milliards.

Qu'allons-nous devenir sinon tes obligés ?

Rampantes créatures espérant ton retour

Car bien qu'on nous poignarde, en ton royaume, bien plus souvent qu'on nous cajole

Au moins ici la lame n'est qu'une banane molle

Tout comme le sol est doux quand on vient le frapper,

Du moins plus doux que celui des maudits salariés

Qu'au matin l'on essuie pour ne pas faire de vagues 

Et ne pas que passants s'imaginent à leurs places 

En tant que mares de sang indiquant une impasse. 

Voilà pourquoi tous nous t'aimons, 

Parce que tes pires côtés sont encore très bons 

Et parce que tes meilleurs ressemblent à s'y méprendre

A ces chandelles lointaines qui brûlent timidement - des trous de cigarette - 

La tenture que tu tends quand tu vampes le ciel...

Oui, tu ressembles à l'art stellaire, au blanc d'une aube où neige,

Oui, tu ressembles à la lumière !

Malheureusement, tu n'es qu'un rêve... 


Gustave Moreau - Le poète et la Sirène


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