lundi 28 décembre 2020

Le mythe de la jambe brisée

 Des incendies d'un vert immonde se déclaraient perpétuellement

Tandis qu'alité, calfeutré dans mon grand rêve, j'imaginais différemment la surface de la Terre.

Et si, au lieu des cendres glauques, vivait, avait vécu, une figure de peintre suffisamment charismatique pour imposer aux villes le fond de sa vision. Et si du rouge s'était grâce à ça emparé de tout ce qui désormais gît sous un feu de jade. Je l'imagine très bien : des yeux à n'en plus finir et des mains compliquées par une série de bagues, chacune portant sur elle, d'une façon discrète ou significative, la trace d'un douloureux souvenir. Il aurait également sous le front deux grosses veines se joignant à la manière d'un caducée puis explosant, entre ses fins sourcils, comme une plante grasse. Ce serait là le symbole d'une pensée toujours extrêmement vivace et cherchant, malgré les innombrables contrariétés du monde et de l'époque, une issue positive aux absences préoptées. Faire de la mort un terrain cultivable, voilà ce qu'il souhaitait et d'où ce rouge exceptionnel devait finalement venir. Rouge coeur, rouge rire, rouge de l'enfant à peine sorti des pistons maternels. Rouge vie que seul l'amour sait peindre, en vérité, par-delà nos frontières. 

Dehors pourtant les brancards se remplissent et sur eux des mutants de la couleur de l'herbe voient leurs organes couler au travers de la toile, telle la boue et l'or d'une modeste écumoire ; batée d'homme où l'on discerne grossièrement le corps du cadavre. 

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