mercredi 13 septembre 2017

Les beaux châtiments


Commettre en somme des assassinats
Lumineux sur les bords
Et rejeter sur les pôles
Et la veste et l'aurore
Oser macération verdie de l'épouvante
Entre deux verres d'ambiance
Et de rhum agressif, corridors blancs
De menthe d'où mentent les sourires
Des femmes élégantes, ces paroissiennes
Dont les dents sont des marbres
Vers quelques nefs folles
Composées depuis l'orgue abrutissant des lèvres.
Quelles volières d'ascension
Sont les rouges bouches de toutes ces prétendantes
Qui ne prétendent à rien qu'à la contemplation
Bue de la loge de leurs yeux d'exception,
Du recel des sentes quand ces chemins dessous
Dégantent et les buissons et les pins
Germaniques où tombent tous les loups...
Quand de la part de ses regards également
Sensibles, s'ouvrent des processions
D'enfants et de mains libres,
Dans les marches des chambres, dentelle progressive
Menant exclusivement sur des fenêtres rousses
Et serties de salive...
L'ambition qui donc s'ensanglante
Tandis que nos ruptures, nerveuses
En sourdine cimentent, la musique érotique
D'un murmure étranglé sous le poids de la plaie
Béante et bientôt, par l'autre refermée...
Ce sont ces meurtres, exigus, qui m'orientent
En ceci qu'ils dessinent sous ma paupière
Blanche, l'ardeur bleue d'Istanbul
Et l'onctueuse orangeraie découpée dans ces souks
Qui jute extrêmement au couteau de ma bouche
Quand tu me dévisages tout en me maquillant
De ton eau déjà saoule...
Revenir boire en ces calices tissées de sang
Et de peaux gonflées d'un ascétisme pourpre
Autant que caillé d'anges, en ce vitrail humide
Eglise qui me démange
Que mon clocher pressant dérègle,
Nuit après nuit, mouvement après mouvement,
Sous les vertus étranges
Qu'a le temps quand il cède
Aux vices du présent...
S'ébruite ensuite de ces temples
La rumeur gamine de l'amour maladroit
Et le roman des cuisses écrit rien que pour toi
Et pour qu'elles s'ébahissent
Comme le fait un enfant, des fraises plein les doigts...
Tous ces fruits d'enchantement qu'écrasent nos mystères
Forment en un temps record d'impossibles cépages
Où nos langues trempent, à la façon du lierre
Grimpant le long des bastingages d'une Vérone fictive
Magnifique et sans âge dans laquelle ta Juliette
Consent au Roméo de mon poignard sage
Parce qu'évidemment fou...
Comme une balle dans la tête
Et cette fleur violette, toujours, sortant du trou
Et qu'on cueille ensemble en costumes de fête
Puisque nus comme le jour
Et noirs pire que l'assiette
Où bafrent tous les astres et sous laquelle on se planque
Tel qu'on ferait d'une couette, en attendant que naisse
Et le parfum du manque
Et l'homicide odeur du sexe revenant
Réclamer son procès, sa pendaison et sa chaise électrique
Au matin reparu où tes deux reins m'asseyent
Sur mon absolument
Jusqu'à ce qu'il se complique, d'hasards
De rimes
Et de beaux châtiments.


Umberto Brunelleschi - Venitian Sketch

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire