jeudi 3 septembre 2015

Tous les putains d'oiseaux sont morts

C'était, comment dire, une journée agréable. Il faisait dans le ciel une couleur bleu marine et aucun bien pensant ne traînait dans les rues. De même, la poitrine de la boulangère semblait plus accorte que jamais. Sorte de montagnes russes sans neige mais avec le même exact dénivelé goutu. Et puis bon à un moment l'histoire. Et celle-ci commençait pourtant par une journée claire ! Donc voilà qu'un gamin se fait tabasser sur le carrelage parental par une espèce de philistin connu comme étant son père biologique, au mioche. Il lui met des grands coups de pieds dans l'estomac pendant que le gosse chiale à torrents.

Normalement, on s'attache à la figure du petit battu piteusement par plus vieux que lui. Sauf qu'en fait on ne pouvait pas réellement en vouloir au papa puisqu'il faisait partie de ce type de personnes dont le cerveau égale en vétusté les arrières-salles d'une bastille moldave. A savoir que c'était un con et qu'il fallait bien qu'il trouve un moyen pour faire comprendre à son gosse que ce qu'il avait fait, c'était pas bien du tout. Alors bon sans trop réfléchir, il a retiré ses grolles (sympa), a demandé à son fiston de se mettre à terre et à commencé son oeuvre.

Notons qu'il n'a pas eu le pied suffisamment lourd pour faire saigner l'enfant. Et c'est tant mieux pour lui parce que du sang dans les rainures de carrelage, c'est très galère à nettoyer. Il bandait aussi. Enfin, dans le sens où avant de mettre une raclée à son fils après avoir découvert ce que ce dernier avait fait, le père bandait. Pas qu'il fut excité cependant, juste, il bandait. Ça arrive parfois de bander pour rien.

Naturellement, il ne bandait plus quand il frappait son fils. Et son fils non plus ne bandait pas. A douze ans, il aurait pu mais la sensation des tirs en plein dans ses frêles côtes refroidissait sans doute ses ardeurs pré-ado. Quant à sa mère ou sa femme selon l'homme concerné, elle était au travail comme tous les autres jours.

C'est dingue le nombre de femmes qui travaillent de nos jours. Elles se tuent à la tâche, elles gagnent des salaires microscopiques mais elles continuent, elles persistent à espérer que la vie est potentiellement autre chose que ça. Mais c'est que ça. Litrons de vin, beurre périmé et massacres en Tchétchénie à se taper à la télévision. Les fleurs ont déserté. Non, plutôt, les fleurs sont devenus déserts...
Pas que toutes les femmes soient forcément accros aux fleurs mais c'est l'image, l'idée d'un horizon meilleur où les éclaircies seraient monnaie courante et où le pain ne durcirait pas au bout de vingt-quatre heures entre nos dents ferreuses, c'est cette idée qui est combattue ici.

Parce que la vie en fait, bon, c'est pas du genre la joie. C'est être ce gamin qu'on force à être au sol pour qu'il reçoive une volée de coups. Et puis se relever et ne pas recevoir d'excuses mais plutôt divers ordres, par exemple mettre la table ou finir son D-M. C'est vomir parce qu'on a peur puis devoir passer soi-même, derrière, la serpillière. Et là, il s'agit seulement d'une journée où il fait clair alors imaginez quand il pleut ou qu'il boue !

Le moment est venu tout de même pour achever.
Pour dire le pourquoi de ce père violent envers son gosse.
C'est que, il avait ses raisons, vraiment, parce qu'à cause de ce garçon

Tous les putains d'oiseaux sont morts !
Tous sans exception, il les a caillassé.

Que ce soit les grives, les aiglons ou les tétras lyre (et pareil pour les butors étoilés ou les balbuzards pêcheurs).
Il les a tous exterminés,
Même les cygnes et les puffins majeurs !
Tous
Un par un, par le gamin, éclatés.

(comme il ne pouvait pas, soit abattre son père, soit abattre ses peurs)


Stromboni & Cotte - L'épouvantail (planche 1)


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