samedi 28 janvier 2017

Muse n°18 et quelque

Il y a dans l'écriture de sombres itinérances
Ainsi que des points fixes
Violents et purs
Qu'on appelle soleil, corps dénudés
Naissance.

Et du désir de l'autre à l'autre désirant
Nous couchons l'encre entre nos membres
Comme une tête de femme
Ou notre peau d'enfant.

Poésie cisaillée par l'aspect dérisoire des ombres revenues
Manger à la gamelle, à l'étang, à la source,
Une soupe cruelle sous l'oeil de la Grande Ourse.

Cette soupe, c'est nous et c'est le temps qui passe
Bol sombre où quelquefois, dans les miettes de pain
Se cachent au mieux la grâce.

Ainsi, de miettes de pain en miettes de pain,
Nous allons comme le garçon du livre
Sur ce chemin qui, de toute façon, à la toute fin délivre
La mort attendue d'un bonheur espéré

En somme la séparation, et du bon grain et de l'ivraie
Et même de l'idée, de céréales, de champs,
D'étés et de tensions.

La fin définitive du sang dans sa veine arrêtée
La fin du poème, comme une cuisse de femme
Qu'on aurait trop serrée
Avec la langue, les dents et la chair enfiévrée
La fin du poème comme une cuisse de femme
Après l'amour, couverte de plis, de pluie,
De blancheurs et de jours,
Autrement dit, par la vie,
Vidée.

Hans Bellmer - Unica Zürn

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