Aux heures où les étoiles commencent à se montrer
Tu viens, invisible et partout,
Poser ta bouche immense sur le crâne du monde.
Ton baiser d'un rouge noir imprime alors les rêves en millions d'exemplaires
Et les cauchemars
En milliards.
Qu'allons-nous devenir sinon tes obligés ?
Rampantes créatures espérant ton retour
Car bien qu'on nous poignarde, en ton royaume, bien plus souvent qu'on nous cajole
Au moins ici la lame n'est qu'une banane molle
Tout comme le sol est doux quand on vient le frapper,
Du moins plus doux que celui des maudits salariés
Qu'au matin l'on essuie pour ne pas faire de vagues
Et ne pas que passants s'imaginent à leurs places
En tant que mares de sang indiquant une impasse.
Voilà pourquoi tous nous t'aimons,
Parce que tes pires côtés sont encore très bons
Et parce que tes meilleurs ressemblent à s'y méprendre
A ces chandelles lointaines qui brûlent timidement - des trous de cigarette -
La tenture que tu tends quand tu vampes le ciel...
Oui, tu ressembles à l'art stellaire, au blanc d'une aube où neige,
Oui, tu ressembles à la lumière !
Malheureusement, tu n'es qu'un rêve...
Gustave Moreau - Le poète et la Sirène |
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