samedi 23 mai 2020

Uno scherzo / "Sans musique, les oreilles se décomposent"

Tu m'as fait part ce jour du désir d'acquérir une lampe-papillon. Tu me l'as montré depuis le trottoir car j'avais préféré rester à l'extérieur, en connaissance, et de ma maladresse, et de ma tendance à l'achat compulsif face aux jolis objets. C'est à cause d'elle, par exemple, que ma chambre est remplie de livres en tout genre. ///


Si j'étais fatigué, l’œil vide et les paumes harcelées de moiteurs, c'était dû sûrement au manque de sommeil. Et si je dormais mal, c'était à cause du bruit, de sa perpétuité dès lors qu'une ville vit et qu'on ne peut s'isoler grâce au double-vitrage. Je prenais tout d'emblée : cris, tristesses, ivresses et dérapages. En temps normal, c'est-à-dire avant, j'arrivais à faire fi d'un tel remue-ménage...

Mais tu m'as habitué comme qui dirait au calme. De par ta peau, abri phonique pour le moins impeccable. De par aussi ta voix qui forçait via ses charmes la venue d'un silence... enfin pas d'un silence mais d'une tendre musique en provenance des arbres : pépiements,
mouvements des feuilles qui se détachent
parce qu'une fleur s'y fabrique
ou des fruits les remplacent.

J'avais pris l'habitude de ton sucre entourage, quand bien même, si j'avais jeté l'oreille hors de cet apanage, j'aurais saisi pareil les bruyants abattages éclatant des carrières que la cité ouvrage. Les marteaux, les autos, les badauds, les vacarmes, tout ce méli-mélo de misères et dos-d'âne. Mais j'avais heureusement l'oreille déjà prise, et par ton opéra, miniature mais réel comme mer dans coquillage, et par certains baisers qu'entre deux tours de chant tu m'adressais en nage. C'étaient ça des bouquets, comme si non contentes d'illuminer la scène, tu faisais le public au moment du final quand celui-ci se lève et s'allège de pétales. C'était, un roman de poèmes, anthologie de courts-métrages, que de t'avoir parmi ma pièce, alors hôtel, villa, palace, Versailles dont mille fontaines berçaient la pierre lâche.

Car oui l'amollissement s'étendait jusqu'aux marbres, jusqu'à l'âpre ciment censé avoir pris place au-dedans de mon âme. Je fondais sous ton art, glace d'enfant renversée que beau temps accapare, la transformant d'une boule, savoureuse mais contrainte d'être vite avalée, en un disque durable, une rose, un miroir, aquarelle que les chiens goûteront tout d'abord avec hésitation avant que d'y plonger la langue jusqu'au fond. Et de là ce bestiaire, efflanqué, dérisoire, deviendra une meute capable de faire fuir les chasseurs de l'histoire.

Tu avais ce don-là d'adouber, de rouler dans l'étoile le ciel le plus noir afin qu'il puisse, aidé de ce haut-phare, guider les percées barques en dehors de ces rocs qui les croquent en épaves. Tu savais inverser le dessein quand maussade, rassurer d'un refrain, d'un mot, d'une sérénade histoire que le Tessin s'insinue dans les rades et qu'ainsi revêtu de ce plein paysage, le cœur souvent malade des hommes de ce monde, passe du sale au sage, et du toussant, permanent salopard, à ces agneaux touchant couchant dans la blonde paille.

T'étais miracle ! Et c'est pourquoi, maintenant qu'acté paraissait ton départ, je ne dormais que d'un œil écrasé par les larmes. Et c'est pourquoi, je frissonnais d'angoisse, j'avais chaud, j'avais soif, et comme, des visages de sueurs enfoncés dans les pognes. Et c'est pourquoi, étant monté aux branches de tes bronches mariales, je tombais dans les pommes sans l'ombre d'une idole, rien que compotes et baves.

Et du bruit à n'en plus finir, à s'en embrocher le pavillon, à se le détruire à l'aiguille, à l'ongle, à tout ce qui peut blesser ce conduit dégueulasse ! Pour ne plus rien entendre ton souvenir sinon...

Quand tu étais chez moi
Que j'étais à ma place
Et qu'il n'y avait qu'à rire
A la barbe du Mal
Inoffensif ici

Auprès de ton Image

Soit dans ce lit de lieds
Et de vives aubades
Que celle-ci composait

En à peine une parole

Complaintes se taisaient
Devant la barcarolle,

Ballade de baisers,
Chorale d'auréoles...

T'étais ce que j'étais quand ma vie était folle
A raison
De t'aimer
Malgré la clef au sol

Et porte de beauté
Fermée
Condamnée
Infiniment ignoble
Désormais que c'est seul
Que je pense aux saisons
A la ronde

Aux accords
De ta main
Qui chuchote
Emporte l'adhésion,

Cependant qu'elle dénote
Dans mon teint
Un frisson...

C'était la peur d'échouer en dehors du son
En dehors du blé
Musicien bondissant
Au rythme du vent frais,

C'était la peur de l'abandon
De ne plus être en mesure
De transi t'écouter
Jusqu'à l'exténuation.

...
Je l'avais tellement cette peur
Au corps enchevillée
Qu'elle avait tout fini par me désaccorder
Déjà quand t'étais là
Voix à forte portée.

Alors maintenant qu'ailleurs (pâle écho de murmure, ruine à nouveau ruinée)
J'entends encore moins rien
Du précédent bonheur.

Mais les voitures, elles,
Et les bruits claquants des fenêtres qu'on ferme,
La tonitruance de l'isolement,
En somme, le Nibelung de la défaite (en un seul set et sans entracte)
Je le captais parfaitement !

...
Sourd amour désormais
J'imaginais revoir
Le contour d'un sonnet
Ecrit grâce à ta lèvre,
Tombé de ton espoir.

C'était peine perdue s'entend
Car cent ans nous séparent
Depuis que j'ai pris part
Au brouillard du printemps
Que cache toute histoire

Depuis que j'ai bâillonné
L'idéal
De mon suintant mouchoir

A cause d'une peur idiote
Une jalousie du noir
Face au blanc de la note

Comme si la lenteur, la langueur, le confort
Risquait en quelque sorte
De rétrécir l'ampleur ancienne de mes forces
En gros que m'affaiblissent
Oaristys et noces.

Je le sais c'est débile
Comme il était débile
De débilement craindre
Tandis que tu chantais
L'instant de l'extinction de cette sérénité,

Mais je n'ai jamais dit briller d'intelligence
Tout du moins il me semble.
Et si jamais c'est le cas
Je n'aurais fait que feindre
Une qualité sans bras, un génie sans étreinte.

Car je suis inutile comme les bruits alentours.

Les gosses peuvent bien danser
Et les bagnoles aller à la vitesse du jour
Et les outils construire
Des serres où se masseront des masses jasminées
Aux parfums de griseries à la fois vifs et lourds

Ils sont tous inutiles autant que mon reflet

Qui
En silence
Et en sang
En entier dégouline
Contre cet évier blanc
Imitant ta poitrine.

En ceci qu'il est froid
Mais que ma tête humide
Doucement le réchauffe.

En ceci qu'il boit, qu'il évide
Tout ce que j'ai en trop.


Dorothea Tanning - Jardin Secret




lundi 18 mai 2020

Hors de ma vue

Un morceau de tomate baignait dans de la vinaigrette. Je l'observais attentivement comme on le fait d'une plaie. Ce qu'elle venait de dire, avec un œil méchant que je n'avais jamais vu, me sortait par les yeux. Qu'elle peste contre moi, j'entends, je considère, m'en agenouille poliment dans ma tête. Mais qu'elle le fasse ce soir et avec un tel œil, c'était inadmissible *. Pourtant, au fil des ans, j'avais à l'occasion songé à ce final, l'ayant moi-même donné. Mais l'action dans ce cas paraît toujours plus tendre, plus digne, mieux mesuré qu'elle ne l'est réellement. On imagine très mal tout le mal qu'on peut faire par l'arme du regard, se figurant que la parole fait en fin de compte l'essentiel du travail. En vérité la langue est très inoffensive, elle égratigne au pire, tandis que l’œil, cet organe ausculté tant de fois avec exaltation, curiosité fascinée ou calme d'aquarelliste touchant à son sujet, possède la destruction, le moyen, s'il le souhaite, d'entier annihiler. Et ce instantanément, je le sais à présent d'expérience.

Quelques semaines plus tôt, nous dansions cousus mains, entité réunie malgré l'ennui qui nous prenait, parfois, comme tout à chacun. Malgré également certains pas maladroits, portions d'orteils honteusement écrasées à cause que déjà notre disque se jouait sur deux platines lointaines et séparées. Des erreurs de la sorte existèrent aussi par le passé, mais jeunes, mais se méconnaissant, nous les accueillîmes en ce temps-là avec un rire puissant supplantant la douleur. L'hilarité s'étiolant à force de maîtriser, et non de deviner, cette mignonne désynchronisation devint une forme de torture nous obligeant, pour ne pas ruiner nos pieds et nos chaussures, à espacer de plus en plus ces douces sessions de danse. Nous nous en décousions, perdant le fil d'une fusion auparavant quotidienne, attendue, espérée, comme mer et soleil.

Concernant l'origine du triste désaccord, l'apparition de la routine, je dois dire que je l'ignore. Je n'avais pas changé, elle non plus, ou du moins, dans mon cas comme le sien, pas dans des proportions visibles ou pouvant facilement fournir explication. Nous n'avions pas vieilli ni essuyé de revers personnels, nous n'avions pas grimpé, insolidaires, à la sociale échelle. Nous avions nos métiers, nous avions nos collègues. Alors ? Miser sur le hasard ou sur l'insu total ? J'étais idiot mais pas brutal, je savais les racines nécessaires à toute fanation, y compris pour les fleurs d'apparence idéale. Il n'empêche que je ne saisissais pas d'où celles-ci venaient, depuis quelle nappe ancienne et nocturnale, et pourquoi maintenant, et pourquoi précisément ce soir, elles bouleversaient mon nez d'un si maltraitant poivre.

Je sais que j'en pleurais car les sanglots, sauf pour les généraux bouffis par le pouvoir, sont des incontestables, et je sais que j'étais seul, prostré sur ma salade. Elle était partie sans prévenir, un choix définitif comme l'éclat d'une grenade. Son œil ! Son regard qui n'en était plus un, ça je le sais, je m'en souviens. Mais pourquoi telle horreur l'avait soudainement peint ? Pourquoi de compagnon, cherché, voulu, suivi, avais-je été rendu à cette demi-vie infoutue de soigner, de choquer, d'embrasser ou guérir ? Certes, certes, un peu partout surbrillaient dans la pièce des espèces de signes. Mais de là à les voir au point de les comprendre ? Il m'aurait fallu de l'éclipse la science, or pour moi l'éclipse, et c'est pareil j'imagine pour beaucoup de monde, m'était définissable qu'à partir de légendes, tantôt l'attribuant au fait d'un crocodile mangeant l'astre ascendant, tantôt à de la boue venue tachée le disque par maladresse du ciel ou à cause de Rahû et de sa grande ivresse. Réaliser cette éclipse en détails, en analyses, calculs et diagrammes, demandait davantage qu'un simple quart de siècle d'études des étoiles, voilà pourquoi cet œil, noir mais pas noir uniquement car le blanc du Léthé s'y dessinait poignant au-dessus de l'iris, m'était indéchiffrable, qu'importe les atomes d’œillades similaires disposés çà et là aux quatre coins de l'espace.

Elle est partie, et la tomate, rouge, continue de baigner dans la vinaigrette tiède. Elle m'a tué d'un seul coup, ayant choisi de ne plus me voir en me saignant de cet œil fou. Et je sais mes recours condamnés à l'échec. Je le sais pour avoir, je le répète, donné par le passé une sanction jumelle. Et cela me rend d'autant plus malheureux, tragique, inconsolable car bien que théoriquement, cette technique ressemble trait pour trait à la haine, je sais qu'on s'y emploie seulement par amour... et que c'est pour lui et parce qu'il est cassé, qu'on utilise cette flèche pour s'en débarrasser. C'est un second coup de foudre, sauf que l'arbre, au lieu que de brûler et d'éclairer la plaine, n'est plus qu'un tas noirci de cendres ramassées.

Reste à savoir si ces cendres, grâce aux pluies, grâce aux vents, sauront disséminées refleurir quelque part. C'est un pari osé mais je le tente encore ! Avalant cette tomate au goût sucré de mort. 

Qu'on ne peut admettre ou accepter, que l'on rejette parce que contraire à une norme, un idéal, un         intérêt.
Arnold Böcklin - Fir trees at sunset

dimanche 10 mai 2020

Rien à faire

Le soir avait tout bu de la ville où j'étais, noircissant jusqu'aux eaux les plus rances et anciennes irriguant la vieille pierre de relents de cachot. Personne du pouvoir ne savait sa provenance, à peine les députés étaient-ils au courant qu'une ombre potentielle patientait aux frontières. Cependant, ils la jugeaient lointaine et pas assez formée pour casser la barrière. Minimisant son importance, ils nous encouragèrent dans la continuation de travaux secondaires, construction des moteurs pour bateaux de croisière. Ces chaloupes à pont double étaient attendues toutes en même temps que l'été, quand les vacances viendraient pour ceux qui s'en achètent. Certains, en ce qui nous concernait, de ne pas gagner assez pour goûter aux couchettes de ces vaisseaux racés (c'est-à-dire conçus pour qu'une seule race y siège), on tentait néanmoins d'espérer le contraire, quand bien même juillet serait encore l'hiver. Alors d'efforts, comme au collège, on redoublait, terminant des semaines avec le corps en fièvre et l'âme dépareillée. Nous n'étions plus nous-mêmes, enveloppes lacérées par l'assaut de la chaîne et signant d'un crachat, la rousseur du cachet où tremblait notre paye. Usés, utilisés, tandis qu'à quelques pas, le spectre mortifère s'apprêtait à surgir de derrière son bois.

Pour ce qui était des rois, il le voyait déjà du haut de leurs tourelles, ce paria gigantesque tracé dans l'encre tiède, colosse crépusculaire à face de corneille bientôt ouvrant son bec sur toutes nos artères. C'est pourquoi ces régents urgemment prétextèrent avoir affaire ailleurs et s'exilèrent au sein des nacelles érigées par nos soins en direction des mers, des lueurs inoxydées de l'océan voisin. Nous, bêtement, nous restèrent, nourriture pour cet aigle aux ailes trempées du vin s'échappant de nos pères, de nos mères, de nos charmants bambins. Il ne mit pas longtemps à pleinement nous soumettre, soumis que nous étions, premièrement déjà, à la promesse de lendemains meilleurs où bonheur serait là, accessible, factuel, possible pour nos bras.

Maintenant que nos chairs n'ont même plus d'épaules et que c'est sur le ventre que s'avancent nos foules, de l'usine à la fosse que l'oiseau tient sous serre comme un gâteau sous cloche, on comprend que ce rêve était un lien fantoche, effiloché bouquet d'une soie mensongère cachant en vérité du barbelé féroce, de la ronce policière, une prison, piège moche. Pourtant nous continuons, quitte à relier ensemble les dépouilles de nos proches, à souder caravelles grâce à elles et au fond de nos poches.

Peut-être quelques-uns s'en iront pour de bon du côté du grand air, peut-être même qu'ils verront le délicieux ponton de la cité princière.

Où on les abattra, parce qu'il n'y a rien à faire.


Alfred Kubin - Vers l'inconnu

La chambre du premier

Il était sur son lit. La matinée était bien avancée et en bas, au salon, sa mère écumait le catalogue de son fournisseur favori de produits surgelés. Dans les toilettes, desquelles la poignée, bon marché, demeurait fonctionnelle alors qu'exorbitée, son père consultait les résultats sportifs. Dehors, son frère s'entraînait aux lancers francs grâce à l'arceau fixé sur la porte du garage. Quant à lui, il était sur son lit. Il comptait y rester. Dans le tiroir supérieur de sa table de chevet reposait son téléphone, depuis maintenant presque dix heures. Il était éteint. Il était sur son lit, et faisait de son mieux pour ne pas se relever, pour laisser le temps fuir. Chaque minute un supplice, aussi, une possibilité. D'ici moins d'une dizaine, sa mère se mettrait au travail, cuisant riz et légumes sous l’œil faussement complice de son oisif mari. Il ne l'aiderait pas. Vingt ans plus tôt pourtant, il se vantait d'une certaine expertise dans le domaine de la gastronomie et puis...

Son frère mettrait la table et serait ensuite chargé de le faire descendre. Il n'irait pas de gaieté de cœur mais il irait, quitte à risquer l'engueulade. Nous en étions pas encore là, sa mère étant toujours penchée sur le catalogue et son père aux toilettes, lorsque l'aîné ouvrit, inconsciemment, le tiroir supérieur. Il ralluma le téléphone mais attendit une bonne centaine de secondes avant d'entrer fébrilement son code. Il allait savoir... Allait-il déjeuner ou passer à nouveau une journée dans le noir ?

Entre lui et Emilie, c'était du sérieux, mais quelques quiproquos, amplifiés par la distance, exaspérés par elle, avaient jeté un froid. Il avait dès lors essayé de l'appeler, en vain, et s'était du coup rabattu sur les messages écrits. Un jour et demi qu'elle n'y répondait pas, tenant dans son silence son sommeil et ses nerfs. Était-elle au courant de l'étendue tragique d'une telle décision, souhaitait-elle qu'il souffre et qu'il réfléchisse, se remette en question ? Il voulait la rappeler. Il voulait sa voix et retrouver par elle une partie de l'âme échappée d'Emilie. Un message cependant aurait suffit pour qu'il s'apaise. Il débloqua son téléphone et attendit qu'une lumière vienne.

Les oignons doraient, le riz devenait comestible et son père s'était posé devant le journal télévisé. On y annonçait des morts en nombre conséquent, mais des morts secondaires car lointaines après tout, morts du Moyen-Orient, attentats habituels. Son frère frappa. L'aîné demeura sans réponse. Il était sur son lit, les yeux traversés d'envies que ça finisse, tout ça, l'adolescence, Emilie, son silence, le supplice, l'existence.

D'ici deux mois, sur une plage, la gorge toujours pleine du regret que de l'avoir perdu, Dieu sait comment, par quel miracle demeuré dans sa manche, s'initiera chez lui l'amorce d'un sourire. Emilie ne sera pas revenue, ni même aucune autre, du moins à cet instant, mais le sourire s'initiera. L'effet des vagues peut-être, mécanique idéale pour relativiser. Ou bien l'idée qu'à la rentrée il retrouverait Thomas. Ou bien cette résurrection infime du rictus s'expliquerait-elle par l'enthousiasme qu'il éprouvait à se plonger dans la lecture, toujours plus vorace, d'un tome de fantasy. Tout cela ensemble, qui sait, toujours est-il qu'il sourirait et ne penserait plus à ces temps de panique. En attendant, il était sur son lit et dans la cuisine, son frère se resservait une seconde assiette. Sa mère l'encourageait, soucieuse qu'il mange à sa faim au risque qu'il grossisse. Son père avait fini et guettait d'une oreille la clôture du journal. Des tigres dans un zoo venaient d'avoir un fils... Il songea au sien avant de se demander quel était le nom exact d'un animal si rare... Tigron ? Tigreau ? Tigret ? Il vérifia sur son portable tandis que de mémoire, sa femme, elle, savait.


Alphonse Osbert - La solitude du Christ