Les vagues reculaient, refluaient, rebroussaient, refusaient la logique inscrite sous leurs ventres.
Et moi je regardais, abasourdi, ce spectacle impossible d'une mer se retroussant.
Les boules à neige doivent faire le même effet aux rennes vivant à l'intérieur.
Et peut-être capte-t-on phénomène comparable lorsque, dormant d'un mauvais sommeil, une chauve-souris pleure.
En dehors de ces désordres ahurissants, il n'y a que la musique qui fait cet effet-là.
Il n'y a qu'elle qui dérange l'âme à ce point et qui en quelques accords peut la rembobiner.
Les vagues reculaient et j'écoutais... Glass... Nyman... Preisner, Arnald et Johansson...
Et je voyais la neige brûler le front des rennes
Et j'entendais le sanglot inconscient des bêtes ultrasonores.
J'étais alors à deux doigts de verser à mon tour, histoire ironiquement de reremplir la plage.
Mais une forme d'espoir, toujours cachée dans la moindre note jouée, m'en empêcha doucement.
Seule restait l'émotion sans les larmes, sans les rires non plus.
Seule restait la musique soit cette émotion pure, supérieure en son calme à tous les paysages
Mais plus vive pourtant qu'aucun battement de cœur.
Les vagues reculaient et j'écoutais... Glass, Nyman, Arnald, Preisner...
Jakub Schikaneder - Contemplation, moine au bord de la mer |
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