Ou quand mon visage se figea. Ou quand mourut ma langue.
Disons que tout a commencé.
Je n'en veux pas au fantôme qui, lui aussi, ne m'a pas répondu.
Je n'en veux pas à la silhouette pour être silencieuse.
Qu'il serait délicieux cependant d'accéder à quelque voix nouvelle !
C'est pourquoi je descends chaque matin, quand bien même celui-ci se répète.
Pour la voix et la vue directe du soleil.
Mais évidemment, et ce depuis maintenant deux tiers d'une semaine, la chute ensuite m'empêche.
Je n'ai pas toujours tombé.
J'étais plutôt oscillateur.
J'allais de glacis en glacis, de butte en butte.
Pour illustrer, voici un souvenir :
En ville, avec un ami, nous entrâmes à minuit dans un de ces dancings que la jeunesse prise, curieux chacun de la prendre peut-être. Mais tout ce que nous y vîmes furent de la bière vendue au prix d'un bon champagne ainsi que l'anus éberlué d'un chien. Longtemps, j'ai veillé jusque tard histoire de mieux comprendre l'attraction titanesque des trous des bêtes sur nous, qu'il s'agisse d'orifices de chiens, de chats ou d'animaux encore moins ordinaires. Est-ce l'œil qui d'instinct se cherche dans cette copie sombre ? Ou est-ce concupiscence ? Aujourd'hui encore que j'y pense, je n'ai pas la réponse.
Fin du souvenir. Puisez en lui que j'ai eu des attentes et des déceptions, des glacis et des bosses, et des répétitions. Puisez en lui qu'avant de descendre quotidiennement les étages à pas fixes, avant de m'étaler et de pulvérisé revenir, je fus autre et semblable.
Je pense aussi à Léonard...
Enfant, morceau de sucre, dont les yeux détenaient d'après moi toutes les teintes connues.
Un vrai regard d'arc-en-ciel, Léonard...
De butte en butte avec Léonard, le petit Léonard, l'adorable.
Le soleil à l'époque se voyait à toute heure du jour et de la nuit.
Et aux immeubles, au lieu des balcons et du fer, au lieu des couteaux pour pigeons et des échafaudages, s'achalandaient des merveilles de fruits. Des grappes coulaient de chaque fenêtre, des pamplemousses fuyaient des vasistas, et des grenades et des grenades...
Désormais mon genou la grenade, ouvert il dévoile tout un tas de carrés rouges
Avec en-dessous un os comme une flèche.
Je suis tombé énièmement.
Mais cette fois, à la place d'hurler, j'ai fait choix de me taire.
Tout sauf envie de faire fuir le fantôme, d'effrayer la silhouette.
De la sueur de douleur me repeignait en statue italienne mais je tins une minute,
Une minute trente.
Avant de remonter,
Absence contre absence.
...
Pourtant je sais que tu es là pas loin
Dans une rue traversière
Je sais que tu m'observes
Qui que tu sois,
Au lieu de voir viens,
Tu n'as que peu à perdre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire