Les fleurs s'ouvraient
Et des rasoirs, à la place du cœur, tenaient dangereux l'avant-scène.
Les fleurs s'ouvraient
Et les mômes y perdaient, par pure curiosité, des bouts de pouce, morceaux d'index, des ongles et tendons que déchiquetait cet acier naturel.
Les fleurs s'ouvraient
Et du sang - celui des peaux jeunettes - coulait se faire boire par une terre où l'herbe n'agissait pas encore.
Les fleurs s'ouvraient
Et un second printemps bientôt bouscula le premier, puisqu'aidé du sang et des bouts d'ongles aussi, ferments magiques, du vert s'était mis à hurler hors du sol.
Les fleurs s'ouvraient
Et les arbres naissants, tornades de racines et cyclones de lianes, les gardèrent en colliers et bijoux de cheville.
Les fleurs s'ouvraient
Et l'hiver, le pénible, l'alluvion, arriverait dépourvu cette fois en face de ces colosses colorés et solides, que sont les arbres s'ils sont fleuris.
Les fleurs s'ouvraient
Et au printemps d'après, une meute d'adolescents bizarres aux mains prises dans des châles s'attacheront à tout bien arracher, des lames et des pétales.
Les fleurs s'ouvraient
Et ne s'ouvriront plus maintenant que vengeance fut rendue par ces mâles.
Frantisek Kupka - Printemps Cosmique |
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