Mes yeux brûlaient.
Enième symptôme. Désagréments comme s'il en pleuvait. Cependant qu'à côté, sans se douter du calvaire de son père, la petite dormait. Un ange, mon ange ! Descendu du hasard, d'une poupée russe dédaléenne, d'un labyrinthe en escaliers donnant sur un miroir, sur un miroir, sur un miroir...
Tant de choses auraient pu t'écarter ma petite... et tant de choses le pourront...
Mais tu es là
Et je regarde
Ce que la chance produit de mieux. Pureté petite immense. Je n'ose imaginer ma vie sans la tienne observable. Serait perte de temps, tour pendable. Serait souffrance inexorable, moments ouvrant thorax, mains pleines de cœurs serrés au point qu'ils éclatent. Sans toi. Sans ma bannière, flottante flamme derrière ton noir d'encre et de jade.
Tes yeux brûlaient... aussi mais pas parce que malades. Parce que tout le contraire. Parce que chauds d'enthousiasme, d'un appétit, d'une joie envers le banal comme envers l'au-delà. Ils brûlaient de connaître, ils brûlaient d'apprendre où la grâce est maîtresse, où l'amour peut se rendre. Ils brûlaient également pour une lampe, un insecte ou une tasse.
Fermés, désormais, calmes, je les caresse de toute mon âme... Ces yeux, tes yeux. Les miens en moins verdâtre ou en plus bleu. Je les caresse en rêvant de pouvoir m'incruster dans tes rêves pour en conter l'histoire. Si je pouvais contrôler ta nuit et ce qu'elle garde, je te filerais du rab de couleurs, d'animaux et climats. Soleils violets et chats. Et des pirates, quelques-uns, car je sais que tu les aimes.
Si je pouvais soigner tes rêves...
Si je pouvais soigner les miens.
Je ne peux qu'espérer finir la semaine.
Le mois,
L'année ! Une année encore à te perdre...
A te voir évoluer en sachant que ça s'arrête.
Le problème, c'est que je t'aime et que c'est sans limite. Or, la vie m'en impose une.
Chiens grisonnants et lunes.
Mes yeux venaient de rafraîchir. Chaque fois ça quand je pleure. Chaque fois je pleure quand je réfléchis. A la douleur. De ta beauté. Bientôt partie.
Mon cœur
Ma petite
Ma vie.
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