vendredi 23 juin 2017

La constellation du chien

En ces heures incorrectes où le sinistre mange tout le visage humain, d'incendies sur les mers en glaciers ignivomes, je cherche parmi les tombes éclairées au hasard, un sourire sauveur.
Sauf que cette grimace entamée par deux joues surprises par l'air frais d'une tendresse alpine n'arrive jamais pour moi malgré l'empressement que je mets dans chaque encre pour qu'il puisse exister.

Blanc, cultivé par le passage sur mon front de lézards étonnants amoureux de la rime, incroyable conteur des dénivelés du spleen, je ne suis finalement pour la gent féminine qu'un soliste de plus sur les greniers charnus de leur délicatesse...
Un essai d'astronaute dont la combinaison voit ses fils perdus au gré des attractions tandis que sa visière s'embrume radicalement dès que la lune approche et qu'il faut la fouler...

Je m'étais espéré un destin de morsure et d'orgie sur la langue mais je ne suis qu'une dent brisée par feues mes jambes et qu'un palais sanglant dégageant comme un puits l'atroce odeur de cuivre de mon enfermement.

Qui me voit dans la rue couve obligatoirement une envie de vomir et si tel n'est pas le cas c'est que déjà les glaires furent expectorés.
L'or désargenté de ma vie d'écrivain aux yeux colorés d'os et de grandes brûlures n'intéresse pas les autres et ma corne de corps, sous-ligue d'intestins constamment oppressées, n'est qu'un drap d'ossements que la Nuit vient poser sur le séchoir du Temps.

Ainsi, jeunes femmes, avocates en devenir ou maîtresses de peintre, voient dans mon apparence uniquement son revers, c'est-à-dire la chair retournée, la cuisse confusée par toutes ces cicatrices tracées quand j'étais gosse sur l'épaisse page blanche de mon désavantage.
Elles voient le barda noir des ficelles agissant au travers de mes membres et ce genou rentré, et cette cheville qui tangue avant que l'embardée de ma basse moitié n'achève son chemin au pied d'un escalier...

Cependant s'attrister d'une telle réception relève du mauvais goût, tout comme il est minable d'enfanter un poème ayant pour seul objet le Je et ses entrailles, fussent-elles désespérées.
Alors, faisons lamentable rase de ces pleurnicheries et joignons pour finir, les louables sentiers de la vasectomie !

Car quelle personne douée de discernement pourrait bien désirer que mon sperme, dès à présent liquide d'une teneur effroyable et dont la densité n'a d'égale que l'horreur qu'il inspire à la vue, suppurante fantasmagorie que Poe certainement aurait pu emprunter pour peindre justement son masque de Mort rouge, n'enfante ? Je veux dire, si par malheur mon sperme avait la folle idée de croître au creux d'un ventre, de femme ou bien de bête pour parler là d'un scénario possible, il paraît évident, même pour moi qui le possède, qu'il grandirait à la façon des pestes et prendrait le faciès de quelque lèpre humide, de quelque truie stupide !

Oh ! mon squelette de sperme, s'extirpant avant l'heure du bouillon amniotique, deviendrait en l'espace de quelques jours sur Terre, la pire créature ayant jamais vécu et la racine ultime de chaque futur cauchemar. Alors, je vous en prie, mesdames, menez-moi tout de suite vers ces laboratoires où l'on coupe la bite des vermines dans mon genre, ça nous évitera bien des problèmes et puis pour Lui ne craigniez rien puisqu'on ne peut pas tuer ce qui est déjà mort.

Ceci étant dit, je demeure disponible pour un éventuel café, d'autant qu'il paraît même que j'embrasse très bien quand ma bouche se retient de dire la vérité.


Eichi Yamamoto - Capture issue de "La Belladone de la tristesse"

1 commentaire:

  1. Comme d'habitude, remarquablement bien écrit. Pour le reste, je dirais que la vérité te va bien...

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