Comme ça, comme un bol de céréales qu'on finit à coups de langue,
Comme une forme de lait qui manquerait de soleil, de sommeil et d'attrait...
Et bue de la goutte une à la goutte millionième sans qu'on s'en émeuve véritablement,
Y'aura bien que les étoiles pour avoir de la peine par-dessus mon cadavre
Et puis pour en fumer les clopes s'imposant,
De leurs cendres naîtront des nuées d'étoiles filantes
Contractant quantité de desiderata, le tout les yeux fermés comme on fait en vacances quand elles vont terminer.
Ces étoiles ensuite auront pour moi des mots savamment étudiés...
Entre la remontrance et l'applaudissement, elles me diront :
"Tu as vécu pareil à certaines de nos soeurs, dans un froid de bâtard permanent et pour l'oeil, unique comme un coeur, d'un seul adolescent t'ayant lu par hasard. Ce gars te découvrant aura cerné de suite que ce que tu vendais comme l'infini brillait par ses limites et qu'il valait mieux que son regard pélerine vers Dostoievski. Alors il lira le maître russe jusqu'à oublier tout de tes chansons stériles...
Ainsi donc ta musique s'arrêtera, et tes rêves de grandeur finiront comme ça,
Comme un bol de boucles ramollies par un lait couleur soie, faussement attractif comme était ton combat. Car tu ne t'es battu que contre ton front gras, crémé de rides et de malheureux choix.
Certes, nous te reconnaissons toutes, une sorte de talent dans l'évitement des routes
Mais à quoi bon les fuir pour les sentes intestines d'inutiles regrets ?
Tu devais sauver le monde et tu te fis seulement, son spectateur le plus impatient d'admirer qu'il s'effondre.
Tu devais faire des hommes tes frères de langage, et des femmes des mers voisines de grandes plages...mais les hommes restèrent des rocs muets et graves alors que les femmes s'asséchèrent telles des taches sur un bloc de kraft...
Ton ambition de ciel et d'éternité noire fut au final
Quelques heures sur Terre à travailler l'espoir...
Tu aurais dû savoir, toi l'enfant dont la tombe tient plus de l'accessoire que du rubis sous l'ongle, que l'espoir n'est pas une matière mais un évaporable, et qu'ici tous on tombe à la vitesse d'une balle.
Que l'homerun est rare et qu'il faut le chérir...
Que l'homerun est rare et que l'amour c'est pire...
Alors au lieu de travailler à l'usine ta chance, tu aurais dû la prendre en joignant à sa hanche
Quelques baisers immenses.
Tu aurais dû, depuis ces nuits où revenaient sans cesse sa figure et ses fesses, au lieu de les vouloir pour chasser ta détresse, construire ces ailes futures aptes à faire de cette femme, non pas une déesse basée sur ta mesure et sur ton drame, mais bel et bien un ange tout ce qu'il y a de plus pur...
Un truc sans sexe mais non sans aventure
Un truc sans sexe mais d'envergure,
Un ange sachant sauter au-dessus de tout mur.
De cette façon peut-être, elle serait revenue,
Cette fois non par pitié mais connaissance du sucre..."
"Le sucre n'oublie pas que c'est ce doux machin qui façonne les champs
Agrandit les grenouilles et trace l'air marin, que c'est lui qui dessine la nuque des printemps
Et ces chevelures blanches courant contre les pins, que c'est lui également qui maquilla la lune
Pour en faire le symbole des passions solitaires et ce sein bouillonnant où tous se sentent bien même quand le sang se perd. Le sucre n'oublie pas qu'il construisit l'arôme à cette heure où les lèvres étaient des poissons morts, et que c'est de son ventre que naquirent la cannelle, les ombrelles et les ports.
N'oublie pas tout cela du sucre et de la race humaine, alors que tu montes en suivant les racines que ton âme promène...
Tu étais un poète, tu seras une étoile
C'est-à-dire une défaite hissant sa grande voile
Vers ce pays des lettres où le flocon s'avale, non pas comme une bête mâchant sa céréale
Mais bien comme une fève où mille frangipanes tressent la couronne du rêve, le diadème idéal
Coiffant bientôt ta tête
D'un soleil magistral."
Les étoiles diront cela et me feront le serf en même temps que le roi
Tandis qu'au-dessus de moi pointeront les étincelles de cette vie toujours belle
A cause et grâce à toi.
Hilma af Klint - The Swan N°12 |
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