Des escaliers courent à mes joues
Petits escaliers sans histoires,
Corridors en bout de course
Dont les organes enflées
Forment des tertres
Successifs
Cercueils accessibles pour ceux sachant marcher
Sans risquer la pénible
Glissade du couteau
Sur la veine-papier.
Tous ces fantômes d'ascension déforment mon visage
Blanches apparitions passant devant fenêtre courte
De ma peau
Et quartz sans entrave
A la brillance lourde
Perçant du trou l'agave...
Fleur sèche, musique sourde
Que j'entends sans arrêt
Lorsque je tombe en face
Du spectre
Du reflet.
Il y a des jours où je me dis que je serai mieux sans vie
En tant qu'opéra de côtes cassées et de langue blanchie
Plutôt qu'en tant qu'ennui se déplaçant lassé.
Il y a des jours où je regrette les grilles sur les ponts
La santé de la pluie ou de nos habillements
Empêchant toute fièvre véritable et violente
Empêchant toute mort enrhumée
Dans le vacarme vert d'une médecine dépassée.
Il y a des jours où l'autoroute me manque
Avec ces beaux carambolages
Et ces splendides braquages de 3h30.
Il y a des jours où toute littérature me paraît
Inconcevable
Vestige grignoté de ronces impeccables
Dont les enfants se moquent tandis que leurs cerveaux
Magnifiques cerveaux gras, d'un gras rance d'esclaves
Barbotent dans les flaques
De quelque néon noir
Caressé par les vagues d'une mer de sable.
La putain de vos grandes vies à vous tous
Qui consommez vos pauvres sans demander leurs noms
Avec le menton bien en avant et bien travaillé par les flammes
Tisonnier en guise de visage que vous agitez
Dans l'air
Comme un billet de banque
Qui flotterait dans une cage.
Putain mais respectez un peu...ces dos que vous cassez
Sans même avoir idée d'aucune de vos vertèbres
Tellement qu'elles sont soignées par vos ostéopathes.
Faites-vous des petits-déj' autrement qu'au miracle
D'être venu au monde à la correcte place
Et tentez de sourire
En partageant votre lit dégueulasse
Avec deux enfants tristes
Et des ligues de mygales.
Essayez donc un peu la grande vie des pauvres
Des non-européens, pas plus américains
Et pas plus japonais qui s'égratignent la colonne
Pour que nos obélisques
Pour que nos obélisques
Fassent des guili-guilis
A ce fier soleil
A ce fier soleil
Qui, sans faim, sans force mais obstiné tout de même
Tous les engloutit.
Essayez la vie sans vacances de ces français
Qui se raccrochent aux branches
Et qui ne sont que fruits
De la compote immense
Que le trottoir macère
Dans l'atelier austère
De ces centres et tentes,
Quel joli carnage c'est, quand même, la pauvreté
Quand elle est à ce point d'éloquence
Qu'elle empêche toute bouche d'être enfin écoutée
A défaut d'être pleine
De brioches et de menthes.
Putain la menthe connaissons-la
Et faisons-la connaître
Comme la femme du prêtre
Aux jambes trop fines pour être honnêtes
Et dont les dentelles creusent
Des dessous de pastel
Qu'un lac seul peut chausser
Tandis qu'il se verglace d'une volée d'hirondelles...
Ah ça oui, la femme du prêtre
Au baiser rouge feu
Qui coure à mes deux joues
Comme plusieurs escaliers,
Plusieurs mises rousses sur le damier du soir
Que j'escalade horizontalement
En plantant mon regard
Dans ce roi radical
Qu'est la reine quand elle prend
Un autre escalator...
Quand elle prend
Un autre, est-ce qu'elle a tort ?
Je le pense sincèrement
Mais bon je ne suis personne
Apte à donner raison ou à juger l'errement
Disons que je ne suis personne
Entièrement
Et qu'il faut plutôt suivre
Des sentiers plus crédibles
Fussent-ils emmerdants
Et loin d'être incroyables...
Alors, ne suivez pas ma voie
Elle est avec ces trains
Qui passaient autrefois avec mouchoirs et mains
Avant que de paix lasse,
On enlace le rien
D'un rail changeant voyage
En visite souterraine
Ainsi que mon visage
En de ces noires cavernes
Où tremblent mille étages,