Se mue, transmue, en un incendie fou à lier
Aux pierreries immenses, comptoir sablonneux
Où les diamants se tordent
Comme des coups du sort d'un soir merveilleux
L'enfant sans destination range alors son arme dans la flaque la plus proche
Et l'arme boit la tasse, le revolver s'engorge
Puis disparaît, avec Alice, au-dessous des miroirs
Et des possessions tristes.
Attendez-moi la main avant qu'elle ne s'épuise
Que sa peau ne devienne une oubliée banquise
Sur laquelle jouent ensemble des souvenirs pulpeux
De nous, du tendre, de nos feues joues sans eux
Quand nos visages n'en formaient plus qu'un seul
Une face terrible aux yeux découpés dans une nappe
D'un motif bizarre, espèce d'étoile brisée par le milieu
Produisant les sonores de vieux farces et attrapes.
Force
Et attrape
De tes doigts l'étoile basse que tous te refusent
Aime à ses lèvres, cette infusion des lunes
Et plonge ta dentition dans ses nombreux abysses
Où dansent, s'étirent, se déshabillent
Des corridors de chair humides et terrifiants
Qu'il te faut grignoter jusqu'à la fin des temps.
Parce que n'est bon sur Terre que le plaisir des femmes
Leur oeil rétrécissant
Et l'impression infâme,
De faire du bien
En s'approchant, par son bassin
Du sang...
Et par le sang du drame
Du délitement
De chaque os,
Chaque articulation
De la beauté
Finalement
Redevenue passion...
Et sortie des tableaux, des livres, des chansons,
La beauté qui nous baise, nous montre l'horizon
La beauté et ses jambes, magnifiques comme des monstres
Dont la peau serait faite d'une telle façon
Que l'épiderme serait mélange d'arpèges et de glaçons
Tandis que toutes les veines, boisseaux ensorcelants
Auraient pris la peinture d'une flamme se levant
Là-bas, à l'est froid d'un bois bleu d'artifice
Entorse promise au ciel, soleil s'éveillant
Pour nourrir de son miel les serfs et les biches...
La beauté, oui, mon rêve paysan
Pomme-de-terre de femme et féminin pain blanc
Dont la mie illumine comme une intelligence
Les ventres abêtis de ceux-là qui l'encensent...
Femme.
Dérivé de poitrines, de cuisses et d'opulence
Faisant monter aux yeux des paupières les plus pauvres
Toutes les galaxies et chaque indépendance
Quand votre doux regard entre au dedans du nôtre
Et qu'il en ressort, comme une faux, notre âme déjà morte
De vous
De vos cheveux, de vos harpes et vos cordes
Vocales sirènes emportant les navires par le fond
Pour empêcher pirates de tirer aux canons
Les murènes et les carpes qui peuplent l'horizon
Ou du moins, sa déversée version...
Voix
Extra-terrestres et douces
Comme celles de la médecine ou du chocolat noir
Voix de femmes qui bandent les arcs de la langue
Quand les hommes s'entendent seulement pour se battre
Les femmes, elles, chantent
Comme des algues
Amères et couchées dans les ombres du soir.
...
Enfin. Je dis "femme" mais c'est une image avant tout autre chose
Les hommes pouvant très bien être ce genre de roses
Aux épines sorties et aux couleurs profondes, n'ayant pas tant à voir avec la fleur
Qu'avec la sueur du monde,
Celle qui coule du front, chaque jour, de celles qui s'exténuent
Jusqu'à ne plus voir la nuit ou qui ne sont jamais nues, à cause d'une envie
Qu'elles chassèrent à coups de poing mais qui les mis au sol,
Avant que d'écarter, un peu, leur auréole
Et puis de la casser, violemment, d'un geste masculin.
Ces roses qui ne sont pas des roses qui ne sont pas des femmes
Font les bouquets de toute ma prose, de tous mes épigrammes
Qui souvent se retrouvent tracés aux ongles dans le marbre
Par un "viens que je te cause" ayant tourné au drame...
C'est pourquoi, bien qu'au-dessus de moi s'égrainent des rimes assez sensuelles
Je ne peux pas tout à fait dire que j'aime ainsi les femmes
Non, je les aime autrement, davantage comme des bombes
Quand celles-ci sont au poivre ou qu'elles sont pleines de songes
Susceptibles d'ouvrir
L'oeil arraché du monde.
...
Des roses dans ce genre
Éternelles secondes...
Unica Zürn - Silence, Night and Dreams |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire