Ceux de jour traçaient le ciel des nuits profondes, à grand renfort d'étoiles et de lune laiteuse.
Ceux de nuit dessinaient le ciel de journée, à coups d'aubes, de feux et d'océans lointains où baignent des nuages.
Ce qui me fit monter en tête une pensée à ce point saugrenue tenait tant dans mon manque de sommeil que dans l'attitude adoptée par cette dizaine lisse. Car sous la brume ensoleillée, ils semblaient tous ensorcelés, non par l'apaisante majesté du tableau naturel - qui n'était pas encore couvert par la montée urbaine et ce malgré tous les grillages d'ores et déjà posés - mais par le cercueil noir qu'ils serraient dans leurs doigts.
Sur ces boîtiers étaient vissés des écrans lumineux qui paraissaient bien fades en comparaison du jour s'ébattant. Mais il aurait été malhonnête ma foi de leur en vouloir de préférer ce jour-ci à ce jour-là, quand bien même si entre les deux c'était le Jour et la Nuit. Malhonnête parce qu'ils s'abîmaient les yeux et l'âme pour une bonne raison : parce que le ciel était leur pain quotidien et qu'à la longue ils avaient fini à s'en dégoûter presque.
Et donc ils se divertissaient en plongeant dans des cadres inertes et sans beauté où voletaient de maigres informations rapidement oubliées. Ils se reposaient le cœur de toute cette nature, de toute cette campagne, bue et rebue chaque jour.
Enfin ça, c'est ce que j'imaginais tandis qu'au fond de moi, le gâchis rigolait.
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William Turner - Rain, Steam and Speed - The Great Western Railway |