J'écris depuis un bureau sur un ordinateur noir, sur une chaise noire à côté de laquelle une dizaine de fourmis font leurs affaires (sans doute à cause de la grosse plante morte qui traîne dans le bureau depuis maintenant près d'un an sans que quiconque ne se dévoue à s'en débarrasser, et certainement pas moi).
J'écris le regard éclaté par une expérience du sommeil lamentable depuis un peu moins de temps que la plante est morte. Comme il fair chaud, les veines de mes mains sont bien visibles et sur certains doigts, on dirait même des anneaux naturels. Comme il fait chaud, un léger hâle permet à mon visage de quasi-polonais d'avoir un air de plage.
J'écris conscient que le temps m'est compté ET que chaque seconde m'appartient totalement.
D'autres meilleures thérapeutiques que l'écriture doivent exister...
La nourriture en quantité de cerf ? L'escalade en salle ? La poterie à base de glaise et d'eaux usées ? La confection de mon propre pain-suisse ? Tout ça me parle sans me parler. M'imaginer le faire me suffit à l'effort.
Alors l'écriture demeure, pilier garni de mille-neuf-cents visages de grimaçants démons, pilier, pilastre, passion.
Peut-être qu'un bon psy peut-être m'aiderait. Un du genre généreux. Un qui paierait pour que je déblatère comment que j'ai eu peur quand mais comment aussi, en fait, j'avais d'excellentes raisons de.
Un psy d'élite pour sûr sauverait mes yeux de l'insomnie, m'apprendrait à m'en foutre, à ne pas m'en vouloir, à passer à autre chose, autre vie, saison, histoire, à laisser la rose dans sa foutue roseraie foutrement épineuse... A TIRER UN TRAIT, DEFINITIF, SUR TOUTE ESPECE D'ESPOIR.
Sûr qu'un psy délicat, tranquille, saurait faire ça.
Mais j'en connais pas. Alors j'écris depuis un bureau sur un ordinateur noir, sur une chaise noire à côté de laquelle une dizaine de fourmis font leurs affaires. Et j'aimerai pleurer ou un truc du style mais non.
Elle ne le mérite pas.